Il y a des rencontres qui vous mettent du baume au cœur. Pile poil au moment où vous en aviez besoin. Comme ça, sans prévenir. Vous croisez un drôle d’animal, mi-homme mi-lézard, et hop ! Vous voilà attablée en terrasse à passer en revue l’actualité beaucairoise. Vous rompez derechef avec vos habitudes de solitaire. Exit la lecture du quotidien local, ne reste que le café que vous buvez machinalement, sans y penser. Bizarre ? Peut-être, mais une pointe de bizarrerie met du sel dans nos vies.
Bizarre tout d’abord de discuter avec ce lézard-là, curieux animal doté d’esprit et de parole. Mais à sa décharge celui-ci a beaucoup voyagé et regarde la vie au travers d’un prisme multicolore, toujours curieux d’en découvrir plus, d’en apprendre plus. Pour ensuite répercuter tous ces acquis auprès d’esprits ouverts, par exemple, pour les éprouver au sein de ses réflexions aussi. Et par ricochet les enrichir, nous enrichir. Bizarre peut-être de mettre la bestiole au courant des derniers potins de la politique locale. Ou pas. Parce qu’il s’y intéresse sincèrement et que vous êtes définitivement sur la même longueur d’onde. Bizarre sans doute de partager avec ledit lézard le même socle de valeurs morales et républicaines, en ayant à chaque échange la joie de constater qu’il ne varie pas d’un iota. Ni dans ses analyses, ni dans ses positions, ni dans ses propositions toujours constructives.
Bref ! Dans cette ville où parler de politique relève définitivement de la dernière des grossièretés, cela fait un bien fou d’échanger avec ce drôle d’animal à deux pattes qui sait tenir sa tête haute et penser par lui-même. Et qui pose sur l’avenir de sa ville, notre ville, un regard sans illusions, distancié et extrêmement lucide. Sans pathos. Sans pleurnicheries. D’ailleurs le lézard pleure t’il ? Probablement, mais il ne refuse jamais le combat.
Un animal le lézard ? Oui, mais pas n’importe lequel. Celui-ci est d’une espèce en voie de disparition, à protéger mais surtout à écouter. Parle-moi encore lézard ! Promets-moi de ne jamais rompre le dialogue ! Ils sont si rares ici à se faire entendre, et plus rares encore à penser l’avenir. Avenir qu’on ne saurait bâtir avec les indécis, les timorés et les silencieux qui peuplent cette ville. Si toutefois ils se réveillent un jour… Le lézard, lui, ne dort jamais tout à fait. Toujours sur le qui-vive. Et dans une ville endormie c’est un sacré atout !
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