Julien Sanchez a soigné sa communication sur la rentrée scolaire de deux manières : premièrement en s'assurant de la publicité que lui vaudrait sa tribune sur les allophones soigneusement diffusée auprès des médias. Deuxièmement en faisant la tournée de toutes les écoles de la ville le jour de la rentrée, photographies avec les enseignants et les enfants à l'appui aussitôt diffusées sur les réseaux sociaux. Pendant ce temps il préparait une révision des tarifs des cantines scolaires et faisait voter avec une aisance déconcertante un tarif A dont personne au sein du service scolaire ne connaissait l'existence. Alors info ou intox ? D'un tarif A inconnu (la grille de l'ancienne municipalité allait de B à E) à un tarif A passé à 1,23 € que déduisez-vous ? Moi j'y vois tout simplement la fin de la gratuité pour les familles en grande difficulté. Mais y a-t-il ou pas gratuité de la cantine scolaire à Beaucaire ? Renseignements pris personne n'est capable de donner une réponse claire sur le sujet, ce qui me paraît quelque peu inquiétant. Cela n'a pas semblé inquiéter les conseillers municipaux d'oppostion qui ont adopté la nouvelle grille des tarifs de cantine scolaire à l'unanimité, sans poser la moindre question et sans même paraître s'y intéresser. Cette délibération astucieusement proposée à la fin de l'ordre du jour est passée comme une lettre à la poste, tout le monde étant lassé par trois heures de débats plus ou moins intéressants ! L'attention de chacun s'était nettement relâchée et je soupçonne les conseillers municipaux d'opposition de n'avoir même pas remarqué dans quoi Julien Sanchez les embarquait. Non qu'ils ne s'attellent pas sérieusement aux dossiers, ils les étudient en général avec soin, mais tout simplement parce qu'ils n'ont pas accordé à ces tarifs l'attention qu'ils méritaient. Quelle grossière erreur mesdames, messieurs les politiques ! Quel dérapage dans une conduite que vous proclamez irréprochable ! A tout le moins il aurait fallu exiger une gratuité si elle n'existait pas, mais accepter un tarif pour les familles en difficulté est une mesure tout simplement aberrante et antisociale !
Faites le calcul : 1,23 € x 4 = 4,92 €/semaine soit 19,68 €/4 semaines. Pour un seul enfant. Ces familles ayant souvent l'indécence d'avoir plusieurs enfants (ben oui les pauvres s'aiment et se reproduisent eux aussi !) vous pouvez multiplier cette somme par 2 ou par 3, ce qui rend le fait de l'imposer proprement indigne. Vous me direz que 20, 40 ou 60 euros par mois ce n'est pas grand-chose ? Faux ! Pour une famille en difficulté avec un seul enfant scolarisé cela signifie 20 euros en moins pour simplement assurer des repas minimums la dernière semaine du mois. Des repas sans viande et sans poisson. Des pâtes, du riz, des pommes de terre, du lait, du pain, du café... Des courses de première nécessité, aucun superflu comme ceux que vous vous offrez sans y penser. Alors avec 40 ou 60 euros en moins sur un budget anorexique ! Je vous laisse le soin de l'imaginer.
Ceux qui ont voté à l'unanimité cette délibération sont les mêmes qui viendront vous parler avec des trémolos dans la voix du "seuil de pauvreté", mais eux ne savent pas ce que cela signifie concrètement d'être pauvre aujourd'hui en France. Et ils ne tiennent pas réellement à le savoir. "Salauds de pauvres" disait Jean Gabin dans "La Traversée de Paris", une expression popularisée par Coluche dans les années 1980... Oui, parce que ces gens-là dérangent, ils mettent les autres face à leur égoïsme latent, face à leurs choix de vie individualistes, face à leur manque de générosité criant. Il ne suffit pas de donner aux bonnes œuvres et d'aller prier pour laver sa conscience, pas lorsqu'on vote avec inconséquence un poids de plus que les familles en difficulté devront gérer. Cela revient à adhérer aux thèses véhiculées par le Front National et à rendre les pauvres responsables de tous les maux, mais surtout responsables de ce qui leur arrive. C'est vrai çà ! Pourquoi sont-ils au chômage ? Ils pourraient travailler... Pourquoi leur verse-t-on des allocations et des aides ? Cela encourage leur paresse... Pourquoi faire preuve de solidarité envers des personnes qui n'essaient pas de s'en sortir ? Cette population en difficulté fait peur, un peu comme si la pauvreté était une maladie contagieuse. De fait personne n'est à l'abri de se retrouver un jour dépendant de la charité des autres et des aides sociales, la chute peut survenir très rapidement et ceux qui vivent bien le savent.
Tout cela laisse les coudées franches à Julien Sanchez pour les changements qu'il prépare dans l'intimité de son bureau. Lui travaille réellement, et si vous n'aimez pas ce qu'il fait ce sera tant pis ! Parce que personne ne viendra vous tendre la main lorsque vous en aurez besoin, les politiques de votre ville moins que quiconque. Ils sont trop occupés à se lamenter sur le passé qui vous a menés là où vous en êtes, à rejeter les torts sur d'autres et à refuser de faire leur mea culpa. Des êtres humains banals quoi ! Comme vous et moi. Enfin presque...
Elle n'est pas belle la vie de maire ? On fait ce que l'on veut, on s'éclate, on se moque un peu voire beaucoup des autres ! Et pour cela on touche un salaire. Finalement, pourquoi faire autre chose que de la politique ? D'ailleurs vous devriez y songer vous aussi. N'importe qui promettant n'importe quoi peut se faire élire, nous en avons la preuve.
Vivre en-dessous du seuil de pauvreté est une vraie détresse sociale que bien peu peuvent imaginer. Ceux qui n'en ont pas conscience n'ont rien compris à l'humanité.
Vivre en-dessous du seuil de pauvreté est une vraie détresse sociale que bien peu peuvent imaginer. Ceux qui n'en ont pas conscience n'ont rien compris à l'humanité.