Quand le prince de la discrimination veut redonner du pep's à son thermomètre politique, quand il veut faire hurler l'audimat à n'importe quel prix et qu'il ne cherche en somme qu'à préparer sa prochaine campagne électorale, que fait-il ? Il tourne et vire au-dessus du Contrat de Ville et le pointe d'un doigt péremptoire en se promettant comme dans la pub : "Je l'aurais un jour ! Je l'aurais..." Et décide ni plus ni moins de porter plainte contre la présidente de la région Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées pour "discrimination à raison de l'opinion politique". Tant qu'à faire parler de lui autant frapper fort, et s'il n'a rien d'un champion de boxe l'uppercut est tout à fait recevable. Il sait qu'un coup bien asséné peut lui assurer la victoire, mais en l'occurrence on peut craindre un effet boomerang sur Beaucaire, la présidente de notre région n'étant pas le poids plume qu'elle peut sembler être...
Dans la foulée notre maire met en scène la pseudo ostracisation de Beaucaire par Carole Delga. Ne vous y trompez pas, ce qui semble couler de source à lire les communiqués dont nous bombarde la ville depuis quelques semaines est le résultat d'un travail minutieux dont j'ose dire qu'il est admirable de précision ! Il faut reconnaître à Julien Sanchez le talent de maîtriser parfaitement l'enchaînement des faits qui nous ont conduit à ce fameux dépôt de plainte contre Carole Delga. De déclarations à l'emporte-pièce en conseil communautaire de la Communauté de Communes en communiqués menaçants, de coups d'éclats en conseil municipal en gesticulations à l'Assemblée Plénière de la Région, d'épanchements sur les réseaux sociaux en visuels graphiques d'un goût discutable, le maire de Beaucaire s'est remémoré ses jeunes années et a empilé ses cubes avec méthode jusqu'au point zéro... Tout cela au nez et à la barbe de l'opposition qui a comme d'habitude attendu d'avoir la tête sous la guillotine pour agir.
On les aime bien nos conseillers municipaux d'opposition, mais il faut reconnaître qu'ils sont dans l'ensemble un peu longs à la détente. A gauche comme à droite certains se démarquent par leur investissements dans les dossiers clés de la ville, d'autres par leur calme à toute épreuve, quelques-uns par leurs questions pertinentes, d'autres encore par des passes d'armes qui ont le mérite de réveiller les spectateurs... Mais toute leur bonne volonté ne suffit pas à contrecarrer les ambitions du maire qui a cadenassé la gestion municipale et n'en laisse filtrer les informations qu'au compte-goutte. Dans ces conditions, comment nos conseillers d'opposition peuvent-ils faire barrage à la majorité municipale ? En fait de barrière celle qu'ils forment est si chancelante qu'un taurillon tétant encore sa mère la renverserait sans peine. Et Julien Sanchez est bien loin d'en être un. Je l'ai écrit voici deux ans, c'est un jeune loup aux dents longues, un ambitieux qui mènera sa barque à contre courant avec opiniâtreté. Il a un projet pour Beaucaire : en faire une vitrine pour le Front National. Ce n'est certes pas le nôtre, mais il se donne jour après jour les moyens de le réaliser et jusqu'à présent personne ne s'est réellement mis en tête de l'arrêter. Le jeu politique qui se joue dans l'arène de Beaucaire se fait au détriment des beaucairois, chacun des acteurs politiques majeurs de notre ville ne songeant qu'à ourdir sa propre destinée. Ce qui est normal en temps ordinaire ne devrait pas l'être dès lors que le Front National est en lice, cela lui confère le statut d'un parti politique normal, ce qu'il n'est pas. Ce qu'il ne peut pas être. Mais pour obtenir le pouvoir certains sont prêts à toutes les compromissions. L'enfer, nous le savons, est pavé de bonnes intentions...
Julien Sanchez n'a pas fait son petit caprice pour le fun ! Non, il l'a pensé et mis en scène avec un but ultime qu'il atteint aujourd'hui. Quant à savoir s'il récoltera les fruits de cette comédie c'est trop tôt pour le dire, et nous craignons surtout que Beaucaire ne pâtisse de ses errements politiciens. Affaire à suivre...