Beaucaire s’est endormie dans les bras de Julien Sanchez. Le Gard, la France, dans ceux du fascisme. Tout le monde a adopté la sacro-sainte sieste des régions ensoleillées sans se soucier des hyènes qui guettent au pied du hamac en chantonnant une berceuse. Mettant sur pause esprit républicain, droiture et bon sens le plus élémentaire.
A Beaucaire les bobos parisiens prétendument vent debout contre le FN/RN - et sur lesquels nous, militants et opposants citoyens, avions fondé quelques maigres espoirs - squattent désormais les terrasses de café de la place de la mairie, alanguis dans des chiliennes comme s’ils étaient à Paris sur le bassin de la Villette, main dans la main avec des beaucairois.e.s notoirement soutiens du maire ou élus de son deuxième mandat. Dans les rires et entre deux déjeuners, naturellement. Sans plus se préoccuper des enjeux majeurs auxquels notre société doit faire face. Cautionnant sans vraiment le vouloir (?) l’extrême droitisation de notre ville. A trop intellectualiser ils se sont perdus en chemin… Tout se joue en souplesse mais sans subtilité, dans un entre soi tragi-comique noyé dans l’illusoire douceur de vivre du sud…
Comme un reflet de la normalisation de l’extrême droite validée par l’entrée de 89 députés RN et 1 député DLF à l’Assemblée Nationale. Comme un spoiler des votes de députés LREM et LR qui ont abouti a l’élection de deux députés RN à la vice-présidence de ladite Assemblée Nationale. Comme une préfiguration de l’entrée de Yoann Gillet à la Commission des Lois, lui qui ne rêve que de s’attaquer à nos libertés individuelles pour les restreindre. Comme un rappel de l’effondrement du front républicain dans notre circonscription et tant d’autres, la haine de Macron ou celle de la Nupes faisant fi du réel danger que représente le RN, parti antirépublicain dont les fondamentaux n’ont pas changé d’un iota depuis sa création en 1972 ! Comme le constat douloureux que notre département est quasiment entièrement acquis à l’extrême droite, à l’instar de tout le sud-est de la France. Comme la nostalgie de l’Algérie française et de l’OAS s’invitant au sein de l’Assemblée Nationale. Comme Marine Le Pen refusant les sièges traditionnellement attribués au RN et Cie à l’extrême droite de l’hémicycle sous le prétexte que son parti ne serait pas ce qu’il est ! Comme une extension ensoleillée de ce climat lourd et inquiétant qui pèse sur la France depuis ce 19 juin 2022…
Alors que nous entamons une période d’extrême droitisation de notre société - déjà gangrénée par un inquiétant puritanisme, des atteintes multiples à la laïcité, une expansion des propos racistes, antisémites et discriminatoires, une dangereuse multiplication des actes terroristes perpétrés par des activistes d’extrême droite - interrogeons-nous sur la responsabilité de chacun dans cet impensable retour aux années d’avant-guerre, celles de Maurras et de Pétain. Celles des lois anti-juives du gouvernement de Vichy. Celles de la négation des droits humains et de la restriction des libertés les plus élémentaires. Celles qui ont présidé à l’Occupation et ses terribles conséquences. N’avons-nous rien appris ?
Avec ce sentiment diffus mais pesant de sombrer dans le néant, l’été ne saurait être agréable. Pas plus que ne le seront les mois, les années qui suivront et qui nous mènerons à des choix impossibles en 2027. Nous, citoyens vigilants et militants antiracistes, l’avions annoncé dans l’indifférence la plus totale. Voilà ! Nous y sommes. Par la grâce de celles et ceux qui se contentent de regarder et qui n’ont rien fait pour éviter ce désastre. Les mêmes qui ne feront rien dans un avenir proche et qui de plus se fendront de quelques leçons de morale si vous tirez, encore et encore, inlassablement, la sonnette d’alarme. Ce bruit discordant qui perturbe un peu, si peu ! le cocon qu’ils ont soigneusement tissé pour préserver leurs petites vies égocentriques bien organisées. Avec une poubelle pour y jeter les valeurs républicaines.