mercredi 22 novembre 2017

DU RISQUE DE FAIRE L'AUTRUCHE...



Parfois l'on se dit qu'il faudrait laisser couler... Pourquoi s'obstiner à mener des combats dont trop peu comprennent l'importance ? Alimenter d'interminables discussions qui virent au conflit sitôt que l'on prend position sur les valeurs que l'on juge incontournables nous place en marge d'une société qui se satisfait majoritairement de vivre dans l'ignorance. Une ignorance qui la dispense d'une réflexion approfondie et dérangeante qui la mènerait fatalement à se détourner du miroir dans lequel il lui plaît tant de se rassurer. Les contes de fées nous l'ont pourtant appris, lorsque apparaît la noirceur dans le reflet familier le miroir se brise. Le rejet des connaissances mène notre société à sa perte. Quelle société peut se targuer d'évoluer si ses citoyens ne manifestent plus de curiosité intellectuelle ? A l'heure d'un accès illimité à toutes les connaissances que les générations précédentes ont fantasmé, le monde se referme sur lui-même et rejette la lumière pour se complaire dans l'obscurité. Nous sombrons. 

Ce n'est pas une question de savoir. Beaucoup de personnes disposant de l'érudition indispensable à toute analyse ne voient pas toujours l'intérêt de s'élever contre cette acceptation de l'impensable qui devient la norme. Il est ici question d'engagement, de positionnements dont la clarté ne laisse planer aucun doute, de préservation des acquis et de préparation de l'avenir. A près de soixante ans on peut se dire que ma foi on a fait tout ce que l'on pouvait pour participer à léguer un monde correct à sa descendance. Mais l'on peut tout aussi bien ne pas se satisfaire d'à peu près et garder vivaces les exigences morales et intellectuelles de ses jeunes années. Et il n'est pas de plus grande satisfaction que de regarder ses enfants et petits-enfants grandir en sachant que l'on fait, et que l'on fera encore, tout ce qui est en notre pouvoir pour améliorer leur avenir.

Dans cette optique il est indispensable de ne pas baisser les bras, de ne pas laisser une seule possibilité à la haine de se glisser dans le débat, de ne pas permettre que d'aucuns enfoncent des portes ouvertes, de s'acharner à rappeler encore et toujours l'importance des valeurs républicaines. Là où les antirépublicains de tous poils s'efforcent avec une remarquable constance de corroder notre devise républicaine, seule garante de notre équilibre social, il importe de les dénoncer pour ce qu'ils sont : des fraudeurs. J'en veux pour exemple toutes les personnes qui, sous couvert de défendre la République, imposent dans le débat public une lecture pervertie de la laïcité. Tous ceux, quelle que soit leur couleur politique, qui se laissent corrompre par le roman identitaire naguère uniquement porté par l'extrême-droite qui voudrait imposer à la France d'être ce qu'elle n'est pas et n'a jamais été. Quand des élus qui se prétendent républicains se félicitent de se substituer aux forces de l'ordre et de bousculer des citoyens français qui prient dans la rue parce qu'ils ne disposent plus de local adapté pour pratiquer leur foi, on franchit un seuil inacceptable. Contrairement à la rumeur que propage l'imaginaire populiste les prières de rue ne sont pas interdites par nos lois, et il appartient aux préfets de les autoriser ou pas. Celles de Clichy ont été autorisées, elles sont donc légales et se sont déroulées sans encombre depuis huit mois, permettant ainsi aux fidèles de faire valoir leurs revendications comme tout français est autorisé à le faire. Quid de notre société de tolérance et de fraternité ? Cette affaire met en exergue les dérives d'une droite qui n'a plus de républicain que le nom, lequel ne leur en déplaise fût capturé au mépris du fait que tous les citoyens français peuvent y prétendre. Aujourd'hui ce qualificatif est assimilé à un parti qui n'hésite pas à le souiller en endossant les revendications identitaires les plus nauséabondes de l'extrême-droite, parfois rejoints par des brebis égarées provenant d'une gauche pusillanime qui ne sait plus vraiment où elle habite... De dérives en dérapages, on assiste ainsi à une succession de déclarations identitaires et islamophobes qui sont autant de tentatives de racolage, cette droite-là n'étant pas regardante sur la provenance de son électorat.

Devons-nous pour autant céder à la tentation de la facilité en acceptant de déposer les armes sans combattre ? Bien sûr que non. Et si nous abandonnons aujourd'hui la moindre parcelle de territoire nous perdrons bien plus qu'il nous est possible de l'imaginer. Dans un souci d'apaisement certains, lassés par des débats récurrents qui ne nous font guère avancer, ont proposé de respecter la trêve de Noël. De ne pas aborder le sujet polémique des crèches que les maires Front National installent chaque année dans leurs mairies en revendiquant une tradition qui n'existe que dans leur imagination. Il pourrait paraître raisonnable de pas nous écharper sur les réseaux sociaux comme des enragés sur ce qu'il faut bien appeler une posture identitaire. Mais à faire l'autruche la tête profondément enfouie dans le sable on ouvre grand la porte à toutes les agressions, et on peut légitimement s'attendre au pire ! Alors je débattrai le plus calmement possible de ce sujet brûlant que sont les crèches pour ne pas alimenter les tensions, mais je ne céderai pas un seul pouce de terrain à l'ennemi qui avance joliment masqué pour faire son nid au creux de nos manquements. Car ne rien dire, ne rien faire et subir, serait déroger aux valeurs que j'entends préserver. Plus que jamais, les menaces qui planent sur la laïcité ouvrent la porte à tous les obscurantismes. Il m'est douloureux de constater qu'en ce domaine, comme hélas en d'autres, l'énergie indispensable à toute bataille visant à préserver notre civilisation contre la pieuvre identitaire fait cruellement défaut. Hors l'apaisement ne peut pas être au prix de l'acceptation, de la compromission. Et si d'aucuns s'imaginent qu'il n'en sera rien ils se complaisent dans une confortable affabulation. On ne peut pas, on ne doit pas, tout accepter. Et certainement pas l'inacceptable.

Pourtant les compromissions fleurissent. Une partie de nos concitoyens jouent à se faire peur quand d'autres prétendent que finalement tout cela n'est pas si grave qu'il y paraît. Vous je ne sais pas comment vous vous définissez, mais moi c'est une évidence : je n'ai rien d'une autruche.


dimanche 12 novembre 2017

VERTUEUSE INDIGNATION VERSION FN


Et si nous reparlions un peu de Julien Sanchez ? Après tout c'est toujours notre maire, même si on ne le voit plus guère dans notre ville, pris qu'il est par ses nouvelles responsabilités régionales et nationales ! Je n'irais pas jusqu'à prétendre qu'il me manque, il ne faut rien exagérer, mais je remarque que son intérêt se porte désormais hors de notre belle cité et m'en voilà bien marrie...

Il est si occupé ce brave garçon ! A quoi, cela reste quelque peu mystérieux, mais il est certain que ce n'est pas au bon déroulement de la vie beaucairoise. J'en veux pour preuve un événement tout frais qui a impacté des milliers de jeunes d'origine maghrébine dans toute la France : la qualification du Maroc pour la coupe du monde de football qui se déroulera du 14 juin au 15 juillet 2018 en Russie. A ce sujet d'ailleurs, je me demande qui des fans de Vladimir Poutine arrivera en premier pour lui faire de la lèche et j'envisage sérieusement de lancer un concours avec bouteille de vodka à la clé pour les gagnants. D'ailleurs je m'en réserverais une, il me faudra bien cela pour survivre à la grande messe du football dont chacun sait que je la subis tous les quatre ans avec le même enthousiasme qu'un animal mené à l'abattoir. Et je pèse mes mots. 

Mais ne nous égarons pas ! Si j'avoue volontiers un petit battement de cœur pour la victoire des Lions de l'Atlas, ce qui s'en est suivi a dépassé de très loin les manifestations de joie que suscite généralement ce type d'événement. Dans toute la France, des supporters sont descendus dans les rues pour manifester leur joie, drapés de rouge et de vert aux couleurs du drapeau marocain. A Paris l'afflux de centaines de supporters autour de l'Arc de Triomphe a bloqué la place de l'Etoile, et des camions de CRS se sont assurés qu'ils ne déborderaient pas des Champs-Elysées. Partout en France cris, klaxons et fumigènes ont ainsi duré plusieurs heures, animant certes bruyamment nos rues mais sans que l'on n'ait à déplorer le moindre incident. Hormis à Fréjus où un petit groupe de jeunes a mis le feu à des poubelles et dressé un barrage sur une avenue du quartier de La Gabelle, celui-là même où David Rachline avait fait fermer un centre social en 2015. D'après Var Matin "une vingtaine de policiers nationaux, appuyés par une dizaine de fonctionnaires municipaux, ont fait usage de grenades lacrymogènes et de tirs de flashball. Il n'y a eu aucune violence et les jeunes se sont dispersés immédiatement." Voilà donc pour le constat de cette soirée mémorable sur le sol français.

Mais pour notre maire l'affront d'un piétinement populaire aux abords de la tombe du soldat inconnu ne pouvait passer inaperçu, aussi s'est-il empressé de manifester une juste indignation sur les réseaux sociaux en twittant "En ce 11 novembre, la France entière se transforme en souk marocain. Que fait le ministre de l'Intérieur ?" (cf photo) Ben oui c'est vrai çà ! Que faisait-il ? Peut-être qu'il arrosait la victoire du Maroc avec un petit rosé de là-bas en savourant un couscous ? Ou peut-être qu'il avait déjà pris ses dispositions et n'avait pas attendu Julien Sanchez pour faire son job... Pendant que je découvrais ces inepties c'était du délire dans Beaucaire dont le maire, comme à l'accoutumée, était absent. Une troupe assez impressionnante de jeunes ont traversé la ville, empruntant les artères principales comme cela se faisait dans d'autres villes, avec cris, klaxons et fumigènes, une manifestation de liesse certes très très bruyante et même impressionnante quand on sait que d'ordinaire à Beaucaire le soir il n'y a plus un chat dans les rues en cette période de l'année. Notre maire s'étant ému plusieurs fois de nuisances sonores dans le centre ancien pour quelques clients de commerces de restauration papotant sur le trottoir, je m'attendais à tout le moins à voir débarquer les cow-boys de la police municipale dûment armés et prêts à mettre de l'ordre dans ce foutu bazar indigne d'une ville Front National vantant l'ordre et la sécurité. J'étais tellement penchée à ma fenêtre, guettant désespérément les lumières bleues de leurs véhicules, que j'ai bien failli chuter au milieu du troupeau de jeunes qui a dû me prendre pour une cinglée ! Et rien...

Force m'a été de constater que s'ils sont capables de se mobiliser à cinq pour traiter sous mes fenêtres un cas de conduite sans permis imputable à une jeune femme bien gentille qui avait manifestement un peu arrosé sa soirée et oublié ses papiers à son domicile, nos amis de la police municipale restent bien au chaud dans leurs locaux de la rue Nationale lorsque leur présence serait souhaitable. Ne serait-ce que pour encadrer cette manifestation de joie et veiller justement à ce qu'il n'y ait aucun dérapage. Alors après avoir refermé mes fenêtres pour retrouver un peu de quiétude, tout comme Julien Sanchez je me suis interrogée. Que faisait le maire ? Que faisait son adjoint à la sécurité ? Que faisait notre police municipale ? A quoi sert-il d'augmenter les effectifs si on ne les voit plus patrouiller dans les rues, de jour comme de nuit ? Pourquoi investir 400 000 euros dans l'achat de caméras de vidéo surveillance qui ne servent même pas à verbaliser les dépôts d'ordures sauvages, les deals de drogue (oui les dealers sont toujours là, face à la mairie), les dégradations de biens publics (toujours face à la mairie) et les manifestations non déclarées comme celle qui fêtait cette belle victoire ? Fi de cette indignation qui ne pointe qu'une communauté parmi tant d'autres, laquelle ma foi ne fait rien de plus que ce que font nos bons patriotes à la moindre victoire, sportive ou autre. Ah non, pardon ! Des victoires il n'en ont pas eu depuis longtemps, il ne leur reste que leurs obsessions et leur vertueuse colère envers ceux qui ne leur ressemblent pas. Mais en même temps qui voudrait leur ressembler ? J'dis çà comme çà...

A la lumière de ces récents événements une question se pose : Julien Sanchez brigue-t-il la mairie de Paris ? Auquel cas je conseille vivement à mes amis parisiens de déménager très vite et de vendre leurs appartements avant qu'ils ne se déprécient, que les caisses de la ville soient vidées, que Paris s'endette pour au minimum 50 ans... Ben oui ! 20 ans d'endettement pour un quartier "majoratif" à Beaucaire équivaut bien à 50 ans d'endettement pour Dieu sait quel projet de génie qu'il nous pondrait pour la capitale ! C'est dur de laisser son empreinte après Jacques Chirac, Bertrand Delanoë et même Anne Hidalgo. Nous on veut bien faire un échange, mais à une condition : il embarque sa clique et ses nouveaux cow-boys avec lui, les anciens on les aime bien on les garde à Beaucaire. Et on fera une méga fête à tout casser en sortant tous les drapeaux de toutes les nationalités regroupées à Beaucaire ! Yallah !!!!!

Julien Sanchez - Interview du Midi Libre - 14.10.2017
"Dix agents s'occupent 24 h/24 du centre de vidéosurveillance. Il y a toujours quelqu'un derrière les caméras (...) Depuis décembre 2016, on peut assurer une présence 24 h/24 (...) C'est appréciable pour la population de pouvoir compter sur quelqu'un à n'importe quelle heure. C'est aussi dans ma mission d'assurer la tranquillité publique."