Je ne sais pas trop quoi te dire ! C'est sûr que j'suis ravie que tu te casses, mais bon j'suis pas certaine que tu t'en ailles vraiment. Si tu avais aussi projeté de quitter le conseil municipal, là j'aurais dit "Okay ! C'est pas du flan !" Mais vu que tu gardes un pied dans la mairie, je ne saute pas de joie. Bon, c'est vrai, ma première réaction a été de faire une danse de la victoire, et de me servir un p'tit verre de Limoncello pour fêter ça. Et franchement, j'ai flotté sur un nuage d'espoir pendant une demi-heure... Puis après, j'suis retombée sur mes pieds. J'ai relu ta lettre, et j'ai surtout lu entre les lignes. Et ingurgité la réalité.
En gros, tu nous prends pour des cons ! Tu balances un espoir d'une main, et tu refermes l'autre sur la ville avec un grand sourire. Tu démissionneras de ton mandat de maire, mais tu vas garder le fauteuil. Pauvre Nelson qui s'imagine être calife à la place du calife ! Je l'aime bien, mais soyons réalistes, tu mets une marionnette dans ton bureau, et tu tireras les ficelles depuis le Parlement Européen. J'vois le tableau d'ici ! Tu vas lui dire quels dossiers traiter en priorité, comment, et avec qui... Avec ton âme damnée le députépour surveiller qu'il filera droit, quand tu seras occupé à foutre le bordel avec tes petits camarades à Strasbourg comme tu sais si bien le faire. Idem au Conseil Régional, où personne de sensé et la connaissant ne peut raisonnablement croire que Viviane Tisseur soit en capacité de te remplacer, hein ? Des cons, j'te dis !
Puis avec ça, tu vas nous ouvrir une permanence à Beaucaire à ce qu'il paraît ? Pour que tes groupies sachent où te trouver et continuent de se plaindre du bruit, des incivilités et de la saleté qu'ils imputent aux "étrangers", en passant sous silence ce dont ils sont eux-mêmes responsables. La paille, la poutre, toussa... J'vais pas te faire un dessin, hein ? Tu connais les Écritures. Du coup j'imagine qu'on va voir défiler tes potes du RN. Et les autres. Ceux qu'on cache sous le tapis quand ya des invités, mais qu'on ressort pour faire le ménage. Tu sais, les p'tits identitaires chers à ton coeur et à celui du grand machin. Je sens que Beaucaire va être de plus en plus mal fréquentée...
Alors tu vois, moi dont la première pensée en apprenant la nouvelle de ton départ a été que j'allais pouvoir prendre une retraite bien méritée, je crains de devoir tenir le cap et la plume encore une paire d'années. Et ce sera entièrement de ta faute, hein ? Faudra pas venir te plaindre de ce que je fais, de ce que je dis, ou de ce que j'écris. Moi je suis comme toi, je m'adapte aux circonstances. Sauf que j'suis pas grassement payée pour le faire. J'te proposerais bien un échange, mais à la seule idée de siéger au sein du groupe desfascistes d'Identité et Démocratie j'ai des hauts le coeur... Oui, je sais, j'suis délicate ! J'suis comme ça, moi, j'fais la fine bouche et je ne m'acoquine pas avec n'importe qui. Tu devrais essayer pour voir, ça te changerait, et ça nous ferait peut-être des vacances. Non ? Tu préfères jouer avec tes vilains p'tits camarades ? Bon ben, j'ai plus qu'à garder la forme pour vous surveiller. Cela dit, je te l'ai déjà proposé, si tu te décides vraiment un jour à quitter Beaucaire, je te porterai tes valises. Ne me remercie pas, c'est cadeau. En attendant, j'te dis ciao, bon vent, bye bye... N'oublie pas ta doudoune, hein ? Fait froid en Alsace. Faudrait pas que reviennes à Beaucaire maladou, et que tu nous files des microbes ! Faut déjà qu'on soigne les beaucairois contaminés par tes idées nauséabondes...