De gauche à droite ⤵️
Sylvie Josserand, Yoann Gillet, Nelson Chaudon, Julien Sanchez
Gisèle Lelouis, Emmanuel Taché de la Pagerie, Sébastien Chenu
"Il faut que tout change pour que rien ne change."
Giuseppe Tomasi di Lampedusa (Le Guépard)
La remarque de Tancrède à son oncle, le puissant Prince Salina, aurait pu prendre tout son sens à Beaucaire, en ce lundi 29 juillet 2024. Mais la noblesse des comportements, et la profondeur de la réflexion, ne sont hélas pas le propre de notre ville. Ici, c'est chacun pour soi, et Dieu pour soi ! En priant que Dieu soit du Rassemblement National.
J'ai assisté au conseil municipal d'installation de notre nouveau maire, dans une salle chauffée à bloc, au propre comme au figuré. Nelson Chaudon, "beaucairois de sang et de coeur" ainsi qu'il se définit, a été élu dans un fauteuil avec les 27 voix de la majorité municipale, face au candidat d'opposition Luc Perrin, beaucairois également, qui n'en a obtenu que cinq. Une candidature d'autant plus courageuse qu'il savait, comme nous tous, que ce serait un flop magistral. Merci à lui d'avoir au moins essayé ! Son discours de candidature a mis en exergue l'inexpérience de son adversaire, au regard d'autres conseillers municipaux qu'il aurait semblé plus logique de désigner pour succéder à Julien Sanchez. Une remarque pertinente, qui lui a valu un tacle parfaitement déplacé de la part du jeune édile, qui semble avoir l'épiderme susceptible. Certainement d'ailleurs l'un des rares points de son discours qu'il aura pensé lui-même, le reste reflétant la patte aisément reconnaissable de Julien Sanchez. Si je fais erreur, ne me faites pas un procès, monsieur le nouveau maire ! Liberté d'opinion et d'expression, toussa... Bref ! Dans la foulée de son élection très applaudie, Nelson Chaudon nous a donc gratifiés d'un discours de circonstance qui faisait la part belle aux remerciements zémus à ses deux mentors, Julien Sanchez et Yoann Gillet, et vantait avec emphase le bilan de son prédécesseur. En toute fin, il a donc en bon aficionado planté les banderilles dans le cuir de l'opposition, en attaquant la candidature de Pascale Noailles Duplissy à la mairie en 2020. Et en raillant la volonté de l'opposition, exprimée par Luc Perrin, d'être constructive malgré leurs divergences de vues. C'était de très mauvais goût ! Mais le p'tit nouveau a voulu montrer ses muscles, et le public a bien sûr adoré !
Nelson Chaudon, qui a assuré vouloir s'inscrire dans la continuité de Julien Sanchez, semble tout disposé à le faire aussi bien dans le cadre des projets portés par l'ancien maire que sur un plan politique. Pour aussi sympathique qu'il soit, le nouvel édile beaucairois est un pur produit du Rassemblement National, soigneusement formaté par Julien Sanchez et Yoann Gillet. A travers lui, ils garderont la main mise sur notre ville. Et pour répondre à la question que se posent pas mal de beaucairois, il est clair qu'il ne tiendra pas le stylo. Pas sans l'aval de ses mentors. Encore une fois, si l'avenir me donne tort, ne me faites pas un procès, monsieur le nouveau maire !
Pour qui douterait de son engagement politique, il suffit de lire son curriculum vitae, qui le désigne désormais comme délégué départemental adjoint de la fédération du Gard, le délégué départemental étant Yoann Gillet. Bizarre... Vous avez dit bizarre ? Ben non ! Le parti à la flamme est une grande famille. Tu y mets un pied, même timide, et il t'avale tout entier, te recycle, et te recrache là où tu seras utile. En l'occurence, dans l'ombre de notre député, et à la tête de la quatrième ville du Gard. Formaté au point d’avoir adopté la gestuelle de Julien Sanchez, Nelson Chaudon est donc le dernier bébé local en date du parti. Pour qui arguerait que non, c’est pas vrai, gnagnagna… il suffisait de voir le public, nombreux, et avec fort peu de beaucairois, qui se pressait dans la salle du conseil municipal. Étaient présents, Sébastien Chenu, vice-président du RN et député de la 19ème circonscription du Nord ; Emmanuel Taché de la Pagerie, député de la 16ème circonscription des Bouches-du-Rhône, avec ses deux collaborateurs ; Gisèle Lelouis, députée de la 3ème circonscription des Bouches-du-Rhône ; Sylvie Josserand, députée de la 6ème circonscription du Gard ; Laurence Gardet, conseillère régionale d'Occitanie et conseillère municipale de Nîmes ; et bien sûr, Yoann Gillet et ses deux collaborateurs. Du gratin patriote, donc, des beaucairois lambdas notoirement soutiens de la majorite municipale, d'autres en tenue traditionelle beaucairoise (ce qui n'est pas, et de loin ! incompatible avec les premiers) et bien entendu la famille de notre jeune maire, dont on conçoit aisément la fierté qu'ils doivent éprouver au vu du parcours de celui-ci. Et de rares opposants citoyens, dont moi.
J'allais oublier ! Comme de bien entendu, les neuf adjoints de la mandature de Julien Sanchez ont été reconduits dans leurs fonctions avec 31 voix pour et un bulletin blanc. Le conseiller municipal d'opposition de la liste En Avant Pour Beaucaire, Lionel Depetri, a brillé par son absence. Sans prévenir, et sans donner procuration à l'un des membres de l'opposition. Pas sûr que ce soit pour ça que ses électeurs aient voté, mais bon... Donc 33 conseillers municipaux, et on repart avec les mêmes pour gérer (?) la ville. Rien de nouveau sous le soleil beaucairois. Ou comment faire du neuf avec du vieux… Or, si certains sont compétents, d'autres gagneraient avantageusement à être remplacés. On reparle de Mireille Fougasse, adjointe à l'inculture et aux festivités, qui a fait mourir à petit feu en dix ans les deux défilés des Fêtes de la Madeleine, la Journée Italienne, et les Vendredis de Beaucaire (ex Beaux Quais) qui font désormais piètre figure ? Tout ça avec la bénédiction de Julien Sanchez. Espérons que notre nouveau maire puisera dans la vitalité de sa jeunesse, et l'amour de notre ville, l'énergie pour rebooster tout ça ! Parce que franchement, pour l'heure sa volonté de "faire briller Beaucaire comme elle le fait depuis dix ans" augure mal de l'avenir de notre ville. Et confirme qu'elle n'évoluera pas. Qu'il ne changera rien. Du moins jusqu'en 2026 où il est probable qu'il se représentera. Si le petit nouveau affirme qu'il n'a pas d'ambitions politiques nationales, il y a fort à parier qu'en croquant dans la pomme juteuse du pouvoir cela lui donnera a minima des ambitions locales. A Beaucaire où, selon une formule piquée par la ville à la campagne de pub des années 90 des Galeries Lafayette "il se passe toujours quelque chose", on sait désormais sans équivoque que Nelson Chaudon fait déjà mentir la maxime de Giuseppe Tomasi di Lampedusa. Devenue ici, "il faut que rien ne change pour que rien ne change." Dont acte.