Il y a des feuilletons dont on attend avec impatience le dernier épisode, qui mettra un terme heureux à l'histoire. Et d'autres qui s'étalent sur des années, et n'ont pas de fin. Les démêlés judiciaires de la crèche de Noël, installée chaque année dans notre mairie, c'est un peu Les Feux de l'Amour de Beaucaire. Des personnages increvables, des nouvelles têtes qui viennent doper les épisodes, et de multiples rebondissements. Toute l'année, la crèche nous met dans une ambiance style mauvais film de Noël américain, où chacun joue des coups fourrés à l'autre pour briller, et rivalise de bêtise, voire de méchanceté. Très loin de l'esprit de Noël, donc. Mais il est vrai que celui-ci, fait de partage, d'abnégation et de générosité, ne cadre pas avec l'idée que les élus du Front/Rassemblement National s'en font. Au prix de dépenses judiciaires qui suivent le cours exponentiel du blé, et à coup de pourvois auprès du Conseil d'Etat, à chaque fois rejetés, on entretient le suspens d'année en année. En fait, ce serait presque émouvant. On rit, on pleure, on s'émeut devant la détresse des santons malmenés, tiraillés à hue et à dia par leurs ardents défenseurs. Et bien sûr, on s'engueule ! Un peu comme pendant les périodes d'élections municipales. A chaque épisode, la polémique repart. Et enfle à la vitesse grand V. Bref ! On ne s'ennuie pas.
Seulement voilà ! Nous, à Beaucaire, on a des santons en or. De vrais trésors locaux. Précieux. Qui nous coûtent un bras chaque année. Ce qui fait de la crèche de la Nativité installée en mairie, au mépris de la loi de 1905, la tradition religieuse la plus chère de France. On a les médailles qu'on mérite, pas vrai ? Les beaucairois qui sont en faveur de la crèche pourraient faire preuve d'ambition. Viser plus haut. Plus valorisant pour notre ville. Mais bon, faut pas trop leur en demander... Aveuglés par une surenchère de déterminants possessifs, vous savez "mon, nos, notre..." ils limitent leurs possibilités, et s'enferment dans un tout petit cercle infernal. C'est un peu l'histoire du chien qui se mord la queue. Ou si vous préférez, du catho qui veut expérimenter l'enfer.
Donc voilà ! Nous avons une crèche dispendieuse, illégale, et dont les péripéties judiciaires resucées chaque année s'éternisent. Un peu comme les épisodes de Derrick, d'une effroyable lenteur, et dont on ne voyait jamais la fin. Et cela devient aussi banal qu'un mauvais feuilleton. La crèche de Noël, finalement, est du même ordre que les défilés d'ouverture des Fêtes de la Madeleine, qui brillent depuis 2015 par leur manque d'innovation et d'imagination. Tout cela est sans surprise, et parfaitement indigeste. Au pays des délicieuses saveurs méridionales, c'est un comble !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire