mardi 22 septembre 2020

TENUE REPUBLICAINE EXIGEE


Le ministre de l'Education Nationale prône le port d'une tenue républicaine dans nos écoles, collèges et lycées. Bien. Demeurer bienséant en toutes circonstances semble raisonnable en effet, mais encore faudrait-il que cela ne tourne pas à l'obsession ! Du décolleté plongeant d'une jeune femme, recalée au Musée d'Orsay par un personnel de surveillance sexiste, au voile porté par une représentante syndicale de l'UNEF auditionnée par l'Assemblée Nationale qui a scandalisé quelques députés qui ont sauté sur l'occasion pour tenter d'exister, des français lambdas qui s'effarouchent pour un short à ceux qui pètent les plombs pour un foulard, en France rien ne va plus ! Et bien sûr ce sont les femmes qui trinquent.

Les dés sont jetés. Notre terre de tolérance s'enflamme pour tout et pour rien, ne sait plus ce qui est bienséant ou choquant, légal ou illégal, républicain ou danger pour notre République. On confond tout, on mélange tout, on perd la boule... Le français lambda se regarde le nombril et tremble de peur, persuadé que les ennemis de la France se cachent dans un sein, une paire de gambettes dévoilées ou un excès de pudeur, il ne sait plus ce qui est normal et ce qui ne l'est pas. Tenue républicaine donc ! Mais qu'est-ce qu'une tenue républicaine ? Une tenue correcte entend ne pas choquer l'autre par ses excès, trop peu ou pas assez de chair dévoilée, et pour ce que l'on en constate frappe surtout les jeunes filles et les femmes. Il est couramment admis que les jeunes garçons et les hommes demeurent corrects en toutes circonstances et en tous âges, n'est-ce pas ? C'est dans leurs gènes en fait. Parce que nous, les femmes, et nos malheureuses filles, sommes sur cette terre pour choquer, provoquer, tenter... Nous n'y pouvons rien, c'est aussi dans nos gènes. Non ? Ben non ! Tout cela est la résultante des éducations dispensées par nos géniteurs, de l'évolution de nos sociétés, des modes qui se sont succédées sans se ressembler pendant un peu plus d'un siècle et qui refont carrément le chemin en sens inverse. Comme si nous n'avions pas évolué et rien appris. Les siècles se suivent et ne se ressemblent pas, et celui que nous entamons à peine écrabouille joyeusement les droits des femmes si chèrement et durement acquis.

"La Liberté guidant le peuple", célèbre tableau d'Eugène Delacroix, portait-elle une tenue républicaine selon les critères de monsieur Blanquer ? Certes non. Pourtant elle est l'un des symboles les plus forts de notre République, tout comme l'est notre Marianne qui emprunte les traits d'Ivanna Sevchenko leader des Femen. Une de ces femmes qui luttent en dévoilant leurs seins nus pour interpeller les peuples sur les injustices de notre société machiste. Et qui font, à leur manière peu orthodoxe, évoluer les droits des femmes. Il est donc admis que la République est une figure féminine forte si l'ont s'en réfère à ces deux symboles, preuve que les femmes ont leur rôle à jouer dans notre société et à tous les âges de la vie. Cela si on ne commence pas à les emmerder dès le berceau pour faire subtilement régresser tous les acquis des siècles passés ! Dans les années soixante les américaines se baladaient en short et mini jupes, la mode a même osé gagner notre pays vous vous rendez compte ? Mais qu'en penserait toute cette clique bien pensante et vertueuse si cette mode revenait et qu'elle se trouvait tout à coup environnée de jambes et de seins tout juste voilés par des bouts de tissu aguicheurs ? Ils en feraient probablement une attaque d'apoplexie, criant au scandale avec l'hypocrisie de ceux qui ne se gênent pourtant pas pour déshabiller les femmes du regard, attirés par  tout ce qui les rend si désirables à leurs yeux et qu'ils prétendent interdire aujourd'hui.

Tenue républicaine hein ? Mais bien sûr ! Nos filles, nos soeurs, nos amies, nos voisines, nous-mêmes... Nous sommes libres de nous vêtir comme bon nous semble. De montrer notre corps si nous le souhaitons, de le voiler avec pudeur si nous nous sentons mieux ainsi, et de changer d'avis d'un jour à l'autre si nous en ressentons l'envie. Les femmes sont belles, elles le sont nues ou habillées, tentatrices ou pudiques, et elles continueront à vivre comme elles l'entendent. En clair, elles vous emmerdent mesdames et messieurs les censeurs.

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