mardi 28 septembre 2021

ALLEMAGNE 1 - FRANCE 0

Cette semaine je me suis penchée avec un regain d'intérêt sur les élections qui viennent de se dérouler en Allemagne. Pour être franche je n'en connaissais pas toutes les arcanes, aussi en ai-je profité pour combler quelques lacunes. Et je suis allée de surprise en surprise, en prenant au passage une magistrale leçon de démocratie. Très clairement, dans ce pays profondément ravagé par la gouvernance d'Adolf Hitfler, les années de guerre et l'occupation des Alliés, la démocratie est affaire très sérieuse que personne ne traite à la légère. Tout le contraire de la France ! Non pas que je sois une inconditionnelle de l'Allemagne, ni du genre à trouver l'herbe plus verte ailleurs que dans nos prés français, mais la comparaison hélas ne se fait pas à notre avantage.

La démocratie commence avec le système électoral et se poursuit avec le mode de gouvernement, et sur les bords du Rhin tout est admirablement simple. L'intérêt général prime sur les intérêts personnels, et les politiques sont avant tout au service de ceux qui les élisent. Ce n'est pas comme chez nous la loi sacrée du "chacun pour soi". Certes l'Allemagne serait un pays "vertueux", mais comme le nôtre il a ses failles et ses faiblesses. Sa force c'est une conception très stricte du service public, et une réelle transparence. N'importe quel citoyen souhaitant assister aux débats du Bundestag, le parlement allemand, peut simplement s'installer dans la galerie qui surplombe les députés et s'assurer que celles et ceux pour qui ils ont voté sont bien là, en plein travail.

Le français lambda croit toujours en l'homme providentiel, et répugne très clairement à confier les rênes du pays à une femme, quand l'allemand croit en celui ou celle qui bossera pour construire l'avenir de son pays et n'a pas hésité à garder une femme à sa tête pendant seize ans. Il n'est que de comparer les thèmes électoraux de la campagne des législatives allemandes centrée sur - l'économie, le social, le climat, la santé et les énergies renouvelables - avec ceux de la France qui se résument à deux mots : immigration et Islam. L'Allemagne a depuis longtemps compris que son intérêt résidait dans une alliance entre partis et une gouvernance centriste dont elle a prouvé l'efficacité. La France continue de se déchirer, ses leaders politiques se complaisent dans une opposition têtue qui n'a rien de constructif, et alimentent les polémiques pour un oui ou pour un non. S'opposer à n'importe quel prix est le mot d'ordre, quel que soit le parti ou presque... Le discours modéré et sensé des centristes est raillé, voire ignoré, et les partis politiques sont incapables de s'unir pour faire avancer le schmilblick. En Allemagne ils s'allient, en France on se tape sur la gueule.

Tout n'est pas rose en Allemagne, bien entendu, et ce n'est pas mon propos ! Mais quid de la France des lumières quand on voit la pauvreté de nos débats ? Jusqu'à quand laisserons-nous se multiplier les candidats, les guerres d'égos, les attaques très violentes et ciblées qui démolissent les personnes sur les réseaux sociaux ? Combien de temps nous reste-t-il avant que les théories nauséabondes de l'extrême droite deviennent la norme devant laquelle tout et tout le monde devra plier ? Il incombe à nos gouvernants comme aux médias de rectifier le tir, et très rapidement ! Appliquer les lois antiracistes, limiter  le temps de parole et de présence de celles et ceux qui enfreignent allégrement lesdites lois, interdire la candidature de celles et ceux qui contreviennent aux fondamentaux républicains inscrits dans la Déclaration des Droits de l'Homme comme de notre constitution. Et que l'on ne laisse plus ces personnes brandir la liberté d'expression pour cracher leur haine en toute occasion.

Alors peut-être, je dis bien peut-être, redeviendrons-nous la patrie des Droits de l'Homme et non celle des haineux et des racistes. Peut-être nous sera-t-il donné de retrouver la mémoire de notre Histoire et d'en tirer les leçons qui s'imposent. Pour l'heure nous naviguons à vue et dans le brouillard. Et je le sens venir le basculement dans l'abîme, pas vous ? Ce n'est pas le moment de se ramollir, alors je serre les poings et je me bats. Pas le choix.