vendredi 30 juin 2023

UN MORT DE TROP

Un jeune homme de 17 ans est mort 🙏 Un de plus. Un de trop. Nahel n’Ă©tait certes pas un ange, il Ă©tait, selon la formule consacrĂ©e, connu des services de police. Mais personne, adulte ou mineur, ne mĂ©rite de mourir pour un refus d’obtempĂ©rer. Cela Ă©tant, sa mort a Ă©tĂ© celle de trop ! Elle a fait sauter le bouchon de la colère des banlieues et des quartiers populaires dont les populations sont abandonnĂ©es depuis 40 ans par l’État. Les violences qui ont suivi la marche blanche et perdurent chaque nuit sont certes regrettables, les exactions sont inacceptables, mais ne nous voilons pas la face : elles sont hĂ©las une rĂ©ponse Ă  la mesure de l’immense colère d’une population dĂ©nigrĂ©e en permanence. 

Les manquements dĂ©plorables de nos institutions, la dĂ©gradation d’un habitat social sans âme dans lequel les habitants sont parquĂ©s par troupeaux, en fonction de leurs origines, la disparition des services de proximitĂ©, les injustices, les discriminations, les persĂ©cutions de toutes sortes, s’accumulent depuis des annĂ©es. Et rien ne change. Rien ne bouge. Les acteurs sociaux alertent Ă  ce sujet depuis les annĂ©es 80, en pure perte ! Les politiques mises en Ĺ“uvre sont belles sur le papier, elles se sont succĂ©dĂ©es avec des noms ronflants et des promesses allĂ©chantes, Ă  chaque fois on y a cru… Mais la rĂ©alitĂ© est toute autre. Les budgets, les subventions, les moyens humains se sont rĂ©duits au fil des annĂ©es Ă  peau de chagrin ! Et quand l’État dĂ©missionne, qu’il ne joue plus son rĂ´le Ă©mancipateur et protecteur, les enfants de la RĂ©publique deviennent des sous citoyens. Sans perspectives d’avenir, sachant d’expĂ©rience que la promesse rĂ©publicaine ne sera pas tenue, sans cesse dĂ©signĂ©s coupables de tout et de rien, ils ne voient pas d’issue, ils sont Ă  bout de colère. Alors ils se rĂ©voltent. Et cela fait des dĂ©gâts, des blessĂ©s, des morts… 

Ces quartiers, cette population qui sont livrĂ©s Ă  eux-mĂŞmes, ont bien conscience qu’on ne parle d’eux que pour alimenter les propagandes Ă©lectorales populistes, et que la majoritĂ© des responsables politiques n’ont rien Ă  cirer de leur devenir. Pourquoi s’embĂŞter Ă  leur en construire un dès lors qu’on les considère comme perdus, sortis de la RĂ©publique ?! C’est un peu l’histoire du chien qui se mord la queue : pourquoi agir puisqu’il va se mordre tout seul ? Alors on ne propose plus de solutions, on n’Ĺ“uvre plus dans le dialogue et la confiance, on juge, on tranche, on condamne. Dès l’enfance cette jeunesse que l’on craint est mise au ban de la sociĂ©tĂ©. Et nous serions civilisĂ©s alors que nous ne prenons pas soin des nĂ´tres ?! Stop ! Il serait temps que les uns et les autres prennent leurs responsabilitĂ©s et assument leurs devoirs envers celles et ceux qui les ont Ă©lus. Si rien n’est fait le pire est Ă  craindre, l’extrĂŞme droite rĂ´de en se frottant les mains ! Celles et ceux qui ne font rien, celles et ceux qui enfoncent le clou Ă  grands renforts de dĂ©clarations indignĂ©es surjouĂ©es, sont les mĂŞmes qui sacrifient cette jeunesse au nom d’une identitĂ© et d’une sĂ©curitĂ© fantasmĂ©es. Cadeau de bienvenue de celles et ceux qui lui dĂ©roulent le tapis rouge, y compris lorsqu’ils et elles prĂ©tendent n’en faire. Et ça pue bien plus que les incendies de nos banlieues ! 

Face Ă  quarante ans de foutage de gueule permanent, des rĂ©voltes Ă  la rĂ©volution il n’y a qu’un pas… Ă  RĂ©publique, nous-mĂŞmes, le franchirons-nous ? C’est le moment d’y rĂ©flĂ©chir sans filtres et en toute conscience. Pas de paix sans justice ✊ #justicepournahel

mercredi 14 juin 2023

COPINAGE ET CONSÉQUENCES

Il y a des commerçants qui bossent dur et qui galèrent en restant dans les clous, respectueux des lois comme de leurs fournisseurs et de leur clientèle. Et il y a les autres, celles et ceux qui se croient tout permis, qui s'arrogent tous les droits, qui ne respectent rien ni personne. Ces commerçants lĂ  n'ont que deux objectifs : se bâtir un nom et imposer leur façon de faire. Non pas qu'ils soient plus compĂ©tents que les autres, mais ils, elles, entendent gĂ©rer les autres commerces en lieu et place des commerçants eux-mĂŞmes. Elles et eux, savent mieux que les autres ce qui fait marcher un commerce, ce qu'il faut faire et ne pas faire, ce qu'il faut vendre et ne pas vendre, ce qu'il... Stop ! Ces personnes qui pensent avoir la science infuse s'enivrent d'une rĂ©putation crĂ©Ă©e de toutes pièces et du petit pouvoir qu'elles croient, Ă  tort, dĂ©tenir sur les autres du fait d'une position sociale fantasmĂ©e. Or notre ville est un village oĂą les cancaneries vont bon train, et oĂą les rumeurs se rĂ©pandent plus vite que la vitesse de la lumière et font plus de dĂ©gâts qu'un incendie dans nos campagnes. Et c'est peu dire... Si le cadre patrimonial de Beaucaire se prĂŞte Ă  tous les projets, ce sont le niveau de vie de ses habitants et la frĂ©quentation touristique de la ville qui ne suivent pas. Pour autant, pour se faire une place au soleil ici, nul besoin d'Ă©crabouiller les autres et de leur nuire. Mais certains s'y emploient avec une Ă©nergie qu'ils devraient plutĂ´t mettre  Ă  balayer devant leur pas de porte.

Je te donne un exemple : toi tu bosses, tu flippes quand ton chiffre d'affaires fait la gueule, tu ne dors plus quand tes ventes peinent Ă  dĂ©coller, et dans le pire des cas tu finis par mettre la clĂ© sous la porte, la mort dans l'âme. Nos dix doigts ne suffisent hĂ©las plus Ă  compter le nombre de commerces qui ont baissĂ© dĂ©finitivement le rideau depuis ton arrivĂ©e dans nos murs, ne fais pas comme si tu ne le savais pas, hein ? Bref ! Pendant ce temps l'autre lĂ , Ă  cĂ´tĂ©, se pavane avec de grands airs genre roi ou reine du quartier, voire mĂŞme de la ville, se permet de te dire comment tu dois gĂ©rer ton commerce et te pose des interdits en avançant l'argument fallacieux de la concurrence. Sauf que l'autre lĂ , Ă  cĂ´tĂ©, n'a pas un bail qui l'autorise Ă  vendre ce que toi tu vends, et se permet malgrĂ© cela de vendre lesdits produits, d'en afficher les prix sans aucune discrĂ©tion et d'en faire la pub sur les rĂ©seaux sociaux. Tout cela publiquement, en balançant leçons de morale  et rumeurs mensongères sur ses soi-disant concurrents en prime pour faire fuir la clientèle. Ou y'a d'la gĂŞne y'a pas de plaisir, pas vrai ? Sauf qu'Ă  trop tirer sur la corde on finit par mettre la puce Ă  l'oreillle de ceux qui n'aiment pas ces vilains procĂ©dĂ©s et qui fourrent leur nez partout. Genre, moi. Et j'te le dis, l'autre lĂ , Ă  cĂ´tĂ©, ne semble pas vouloir dĂ©bourser un centime pour se mettre en conformitĂ© avec la loi en Ă©tendant son bail et/ou en changeant son statut. En se disant probablement que, ma foi, Ă©tant proche de notre premier Ă©dile (oui, oui, de toi !) il n'y a rien Ă  craindre de ce cĂ´tĂ©, que personne n'ira farfouiller. C'est oublier un peu trop vite que moi j'adore mettre les mains dans la merde pour en sortir des pĂ©pites.

C'est vrai qu'au vu de cette totale impunité affichée avec arrogance (et bêtise, hein, faut bien le dire !) on peut se poser la question : soit t'es au courant et tu fermes les yeux, soit tu ne l'es pas et certains pensent pouvoir se passer de ta bénédiction. Parce qu'on imagine aisément que tu n'as pas que ça à faire et que tu t'es logiquement reposé sur les personnes en charge des commerces de la ville pour gérer tout ça. Mais bon... Là mon gars faudrait voir à réagir et à contrôler tout ce merdier, hein ? Ça ne fait franchement pas sérieux cette permissivité ! Passe encore pour le copinage, c'est hélas le point commun de toutes les municipalités de France et de Navarre, toutes tailles et tendances confondues. Chez nous on copine, on trinque, on s'fait une bouffe, on s'refile les bons tuyaux et on adore ca ! C'est très franchouillard mais c'est ainsi et cela ne changera jamais. Sauf que là ça craint un max mon gars, j'dirais même que ça pue... Parce que cet exemple est loin d'être le seul, alors si tu ne fais rien je sens arriver les révélations croustillantes à une presse toujours friande de scandales, après la machine judiciaire se mettra en marche, tu va faire la tournée des médias et tu vas encore dire que c'est de ma faute ! D'ailleurs j'te vois d'ici aller pleurnicher chez Hanouna avec les intéressés en disant du mal de la méchante opposante qui te persécute depuis neuf ans... Alors qu'en fait je suis plutôt sympa avec toi, je te mets en garde contre tes propres démons avant que le ciel ne te tombe sur la tête. Au fait elle te plaît la référence au chef du village gaulois ? Tu te souviens en 2018, le porc dans les cantines, les sangliers servis pendant les banquets, notre héritage franchouille, toussa... Pardon je m'égare... Revenons à nos commerces qui auraient besoin d'un bon dépoussiérage administratif.

Sois cool, steuplaît ! Fouille dans la paperasse, et quand tu en auras le coeur net remets de l'ordre dans ce merdier. Moi j'dis ca pour toi hein ? Bon d'accord, un peu pour moi aussi je le reconnais. Suis fatiguée, je n'ai pas envie de batailler pendant quatre ans pour ce genre de conneries tellement faciles à éviter pour quelqu'un d'aussi pointilleux et prudent que tu l'es d'ordinaire. Et je n'ai pas non plus envie de me mettre à dos les commercants qui contreviennent aux règles en vigueur. J'les aime bien, tous, j'suis contente quand leurs affaires tournent bien. Mais l'épanouissement d'une ville passe par la gestion saine de ses commerces, et là franchement ta vitrine du RN elle a quelques pètes au casque, va lui falloir un sacré rafraîchissement... Donc on est d'accord ? Tu vas prendre les choses en main ? J'ai d'autres chats à fouetter en ce moment, mais s'il le faut je ferais ce que j'ai à faire. Parce que tu vois moi, l'arrogance des uns et l'impunité des autres, ca me fout les boules. Mais genre, vraiment ! Et tu m'connais, quand j'ai les boules j'deviens méchante. Pas juste un brin, non, carrément. Et je m'en tape des pots cassés et des egos froissés. A bon entendeur...

dimanche 11 juin 2023

VIVRE ENSEMBLE


Ce qui est compliquĂ© lorsque l'on vit dans une ville gĂ©rĂ©e par le Front/Rassemblement National c'est de savoir mesure garder. Quelle que soit la force de notre engagement dans la lutte contre l'extrĂŞme droite, que nous soyons militants ou pas, citoyens lambdas, opposants actifs ou simples spectateurs conscients des enjeux, il n'est pas possible de mettre une partie des habitants de notre ville au ban de notre concept de sociĂ©tĂ© frĂ©quentable. Ces personnes nous les connaissons, nous les frĂ©quentons de manière plus ou moins rĂ©gulière, nous les croisons au hasard des Ă©vènements associatifs ou sportifs, sur le marchĂ© ou aux terrasses de cafĂ©, nous les avons parfois admis dans le cercle de nos amis rĂ©els ou virtuels, nous Ă©changeons avec eux sur les fils de discussion des groupes Facebook de notre ville... Celles et ceux qui sont nĂ©s ou ont grandi dans nos villes sont allĂ©s dans les mĂŞmes Ä—coles, ont fait du sport ensembles, ont ri, bu et dansĂ© dans les mĂŞmes bodegas, participĂ© aux mĂŞmes festivitĂ©s. Ils et elles sont attachĂ©s aux mĂŞmes traditions locales et partagent un mĂŞme amour de leur territoire. Il est donc impossible, compte tenu de ces paramètres, de tirer un trait du jour au lendemain sur une partie de la population sous prĂ©texte qu'elle a votĂ© FN/RN, qu’elle a sa carte du parti ou qu’elle est simplement sympathisante. Hormis lorsque l'on a affaire Ă  des bas du front qui sont parfois de vrais caricatures d'eux-mĂŞmes, on ne peut donc pas se couper des autres. Et on ne le doit pas. 

Loin de moi l'idĂ©e saugrenue que l'on pourrait convaincre ces personnes de changer d'avis, mais on peut Ă  tout le moins Ă©changer des points de vue sans rendre un pouce de terrain Ă  des idĂ©es, des concepts, des propos qui nous rebutent. Sans plier l'Ă©chine. Ce qui permet, en restant fermement ancrĂ© sur ses positions, de peut-ĂŞtre donner Ă   l'autre Ă  rĂ©flĂ©chir. Ou pas. L'essentiel rĂ©sidant dans le fait de pouvoir se cĂ´toyer le plus sereinement possible. Parce qu'il est important de ne jamais oublier qu'en dĂ©pit de nos diffĂ©rences nous partageons Ă  priori un mĂŞme amour de notre ville. Il ne s'agit pas de dĂ©battre du bien-fondĂ© de telle proposition ou prise de position du RN, au risque de se faire manipuler et d'en perdre notre latin ! Une fois pour toutes qu'il soit clair qu'on ne dĂ©bat pas avec l'extrĂŞme droite, on la combat. Non, il est ici question de vivre en sociĂ©tĂ©, de manière aussi raisonnable que possible, sans pour autant s'aveugler sur la rĂ©alitĂ© d'une idĂ©ologie qui reprĂ©sente tout ce que nous abhorons. Dans les grandes villes il est facile de se couper de cette population dont les choix nous heurtent. Pas dans nos villes dont la vie, les moeurs, le rythme et les relations sociales sont demeurĂ©s ceux des villages qu'elles ne sont plus. Nous y vivons, pour certains d'entre nous nous y militons et/ou nous opposons Ă  la municipalitĂ© quand ses actes, propos ou dĂ©cisions sont clairement discriminatoires, en contradiction avec les valeurs rĂ©publicaines, ou vont Ă  l'encontre des lois en vigueur dans notre pays. Bref ! Nous en sommes, au mĂŞme titre que tous les autres, un rouage quotidien. Il est de notre responsabilitĂ©, chacun Ă  notre manière, d'ĂŞtre le grain de sable qui grippera la machine infernale du fascisme jusqu'Ă  lui causer des dĂ©gâts irrĂ©parables. Alors prendre des gants oui, parfois, mais en tout Ă©tat de cause toujours dire ce que l'on a Ă  dire et faire ce que l'on doit faire. Sans Ă©tats d'âme. Parce qu'il importe avant toute chose de demeurer droit dans ses bottes et de ne jamais prĂŞter le dos Ă  la moindre compromission. Faire sociĂ©tĂ© donc, mais sans se compromettre, sans se laisser pervertir, et sans jamais flĂ©chir. 

Cela peut sembler d'une folle exigence, mais pour qui aime suffisamment ses semblables cela n'a rien d'insurmontable. C'est même finalement assez facile, non pas de leur pardonner de ne pas être ce que nous voudrions qu'ils soient, mais de les accepter tels qu'ils sont. Etre capables de les écouter sans les juger, de parfois comprendre leurs motivations, et dans tous les cas pouvoir échanger avec eux sans acrimonie et surtout sans haine. Parce que s'opposer ce n'est pas haïr. Nous nous opposons à des idées et nous combattons une idéologie, cela ne signifie pas qu'il nous faut entrer en conflit avec nos proches, nos amis, nos voisins, nos commerçants, nos élus ou les employés municipaux de notre ville. Nous pouvons ne pas être d'accord et nous opposer, nous affronter dans des joutes verbales, des échanges de courriels ou de courriers, voire mêmes devant les tribunaux, mais on ne fait pas société en se déchirant. S'engager dans une veille citoyenne ou en politique ne signifie pas, ne devrait jamais signifier, entrer en guerre avec le reste du monde. Encore moins avec l'autre, celui ou celle que nous croisons tous les jours. Faire de la politique c'est organiser une vie sociale au sein d'une communauté, parmi des personnes qui ont choisi de vivre ensemble. Ensemble, pas simplement côte à côte. Comme seule peut le permettre une société évoluée, moderne et démocratique. Alors restons vigilants mais demeurons civilisés.