samedi 23 février 2019

"LES LABORATOIRES DE LA HAINE" Rencontre avec Hacène Belmessous


La vie nous fait parfois des cadeaux. De temps à autre elle nous offre l'opportunité de faire de belles rencontres, et c'est ce que j'ai ressenti dès mon premier contact avec Hacène Belmessous. Alors qu'il me présentait son projet mes neurones s'entrechoquaient en sautant de joie, analysant l'aubaine que serait son livre pour les collectifs citoyens qui luttent au quotidien depuis cinq ans dans les villes gérées par des maires du Front National. Quelqu'un allait enfin plonger dans l'enfer de la gestion frontiste ! Quelqu'un de sérieux, étranger à nos villes et non partisan. Un chercheur qui prendrait le temps de mener une enquête minutieuse, et dont les ouvrages précédents étaient la preuve de sa rigueur et de son investissement. Tout de suite j'ai pensé : "Çà va faire mal !" Le livre, indubitablement, s'annonçait comme une claque vigoureuse qui réveillerait les consciences endormies et ramènerait la gestion  de nos villes au triste niveau que nous ne cessions de dénoncer. Un livre choc !  Et c'est exactement ce qu'il est.

Hacène Belmessous est un chercheur et ancien journaliste qui travaille sur les sociologies urbaines. Il mène sur plusieurs années des enquêtes sociales longues et rigoureuses qui vont au fond des choses, il analyse des faits, des situations, des réalités. Bref, il est dans le concret. Pendant trois ans il a interrogé les beaucairois qui acceptaient de lui parler, et cela est allé de simples citoyens croisés dans un bar ou sur le marché à des commerçants, des politiques, des personnes investies dans le monde associatif et des travailleurs sociaux. Il a assisté à des conseils municipaux dans les villes qu'il ciblait : Mantes-la-Ville et Beaucaire, et rencontré l'un des deux maires. Comme il fallait s'y attendre, Julien Sanchez est celui qui n'a pas donné suite à la démarche de Hacène. Mauvais joueur le maire ? Certes ! Il est tout au long des pages consacrées à sa gestion mis en fort mauvaise posture par l'auteur qui appuie son analyse par des arguments juridiques imparables.

Dès le départ nous avons accompagné Hacène Belmessous dans son enquête en le mettant en contact avec les personnes susceptibles d'étayer son travail, et nous nous en félicitons. Le résultat est bluffant ! Nous avons organisé une rencontre débat à Beaucaire, et nous en avons des retours très positifs. Sans conteste l'auteur a été à la hauteur de ce que les personnes présentes en attendaient, et même au-delà. Après nos diverses rencontres avec lui avec lui nous savions qu'il saurait les captiver, il l'a fait.

Ecouter Hacène Belmessous parler de son travail, débattre avec lui, confronter notre vécu avec ce qu'il retire de ses trois années d'enquête, cela donne lieu à de longs et formidables échanges aux quels il est frustrant de mettre un terme. Nous sommes quelques-uns à avoir pu profiter de sa présence à Beaucaire pour évoquer et approfondir des points précis de gestion qui nous questionnaient depuis que Julien Sanchez a pris en mains les rênes de notre ville. Le chercheur place haut la barre de ses analyses sur la gestion frontiste, et sa réflexion concrétise celle que nous menons localement depuis la création du Rassemblement Citoyen de Beaucaire en 2014, mais également collectivement avec la Coordination Nationale des Collectifs Citoyens. Son livre nous conforte dans notre démarche de dénonciation d'une gestion basée sur une idéologie mortifère et discriminatoire qui n'a aucune volonté sociale. Il nous donne également des pistes pour tenter d'y mettre un terme, et nous y réfléchissons déjà très sérieusement. 

Notes
  • Sa dédicace est un clin d'oeil à Winston Churchill qui nous honore et nous encourage à poursuivre le combat #merci
  • La Coordination Nationale des Collectifs Citoyens (CNCC) regroupe depuis le 29 juin 2014 les associations des villes de Beaucaire, Béziers, Cogolin, Fréjus, Hayange, Le Luc-en-Provence et Mantes-la-Ville, ainsi que l'UEJF et SOS Racisme

samedi 9 février 2019

LE MAIRE EST VEXÉ...


Il est vexé notre maire ! Bouh... Pour un peu il se roulerait par terre en live pour se plaindre de n'avoir pas fait partie des cinquante maires du Gard invités à Souillac dans le cadre du Grand Débat National. Discriminé qu'il est ! Si, si ! Le pôvre voulait tellement rencontrer le Président de la République pour lui apprendre à faire son job, et le voilà relégué tout seul dans sa mairie, loin des sunlights et de ces médias après lesquels il court sans discontinuer pour exister. Il s'était certainement préparé à l'un de ces discours truffés d'attaques sournoises et de contre vérités dont il a le secret, que deviendra-t-il sans personne à qui donner des leçons de gouvernance ? Lui qui s'y prend si mal devrait d'ailleurs envisager de suivre des cours du soir en accéléré auprès de personnes compétentes, ce qui exclut d'emblée la formation interne du Front National dispensée par Jean Lin Lacapelle avant le scrutin de 2014. Pour en subir les conséquences depuis l'élection de Julien Sanchez et consorts (et là j'ai une pensée émue pour mes amis des collectifs citoyens des villes si mal gérées par le FN/RN) je peux affirmer qu'avant de songer à faire part de sa triste expérience du sujet au plus haut niveau de l'Etat, il devrait se pencher sur ce qu'il a si mal fait à Beaucaire, voire même ce qu'il n'a pas fait du tout. Et ce faisant en prendre de la graine. Parce que là, il s'éparpille...

Dans le cas qui me préoccupe en écrivant ce billet, rappelons que les maires de France sont invités à participer au Grand Débat National, par le biais des rencontres avec Emmanuel Macron mais également dans leurs communes. Ils peuvent s'ils le souhaitent organiser une réunion d'initiative publique abordant les thématiques proposées, et dans tous les cas il leur est demandé de mettre à disposition des citoyens des cahiers de doléances. Julien Sanchez lui ne fait rien, ne mettant donc pas en pratique la démocratie participative qu'il se vante de pratiquer à Beaucaire.  Oh il affiche un joli slogan sur les affiches de la Tournée du Maire (de simples réunions de quartier) mais dans la réalité il en est très loin ! Celle-ci ne consiste pas à demeurer assis à l'écouter s'auto congratuler et se gargariser en notant ici et là quelques doléances portant majoritairement sur le défaut d'entretien de la ville, chacun fort légitimement se préoccupant en premier lieu des aléas de son quotidien. Ni à refuser en conseil municipal de répondre aux élus d'opposition qui l'interpellent sur des sujets touchant directement à la gestion de la ville. Sa conception toute personnelle de ce que doit être la démocratie participative à l'échelle locale serait réjouissante si elle n'était si pitoyable. 

Quid des cahiers de doléances ? Il estime d'évidence que le cahier de doléances ordinaire de la mairie et la boîte à idées  que personne n'a jamais vue depuis 2015 (égarée ?) suppléent à la demande de l'Etat. J'imagine la tête du président de la République lorsqu'il recevra le contenu desdits cahiers et boîte qui ne portent que sur des problématiques purement locales et n'ont absolument rien à voir avec les sujets du Grand Débat National. Beaucaire ! Une fois de plus il se ridiculisera, et nous avec... 

Donc il pleurniche, et une fois séchées ses larmes de crocodile il demande à notre députée, dont ce n'est pas le rôle, de suppléer à ses propres manquements... ?! Ce que bien évidemment elle ne fera pas. Répondre positivement à ce qui s'apparente plus à un ordre comminatoire qu'à une invitation en bonne et due forme, et connaissant l'oiseau et ses pratiques, on ne saurait trop lui conseiller de l'ignorer purement et simplement. Mais elle a répondu, arguant que "l'initiative de monsieur le Maire ne s'inscrit pas dans cette ambition de replacer les citoyens au centre des préoccupations, bien au contraire les beaucairoises et beaucairois se sentiraient davantage dépossédés de leur parole." (sic) Cela donnera-t-il à Julien Sanchez l'occasion  de débuter un nouveau procès pour discrimination politique en se victimisant ? A n'en pas douter ce sera là un feuilleton à suivre... A Beaucaire ce ne sont pas les péripéties juridiques qui manquent, et finalement on ne s'ennuie jamais ! D'ailleurs le maire à lui seul pourrait alimenter les épisodes quotidiens d'une web série sur toute une année. Il a déjà à son actif quelques déclarations outrancières affligeantes qui ont mis notre ville sous les feux des projecteurs pour de mauvaises raisons. La dernière en date, sortie hier, cible bien entendu notre députée et son suppléant, la première pour avoir décliné son invitation, le second juste pour être ce qu'il est. On comprend bien que la réponse de Françoise Dumas apporte de l'eau au moulin pleurnichard de Julien Sanchez, mais d'évidence elle n'allait pas se jeter dans la gueule du loup. Ainsi elle ne déconsidère nullement les beaucairois par son refus, elle replace simplement les faits en perspective. Mais cette perspective ne sied pas à notre maire, et moins encore le fait qu'elle prenne la tête au sein de LREM d'une cellule interne chargée de mettre en place une stratégie de lutte contre le Rassemblement National.

Morale de cette histoire ? Certains pleurnichent, d'autres agissent. Certains font des procès d'intention, voire des procès tout court, d'autres participent au débat démocratique. Certains critiquent pour critiquer, par ambition politicienne, quand d'autres essaient de changer les choses, d'avancer... Militer pour plus de démocratie n'entre certes pas dans les priorités du maire de Beaucaire ! Lui il a le nez dans son mouchoir, les traditions et la naphtaline.


Note
Julien Sanchez n'est pas adhérent de l'Association des Maires de France, hors c'est l'AMF qui a contacté les maires (une cinquantaine dans le Gard) pour les inviter au débat de Grand-Bourgtheroulde. Cela il le sait parfaitement, tout comme le sait Marine Le Pen qui appuie sa victimisation. La présidente de l'AMF du Gard, Pilar Chaleyssin, a indiqué que parmi la délégation gardoise se trouvaient des maires UDI, socialistes, LR et sans étiquette. Elle a également pointé le fait que la réunion de Souillac étant publique, «les maires qui n’avaient pas reçu d’invitation et souhaitaient s’y rendre pouvaient le faire savoir. Certains nous ont rejoints ainsi» (sic). Ce qu'a fait par exemple le maire UDI de Saint-Christol les Alès, Jean-Charles Benezet.