samedi 21 avril 2018

DEFEND EUROP : MISSION GRIMPETTE


On espérait que les identitaires de Defend Europ avaient coulé avec leur rafiot à la fin de l'été 2017, sans trop y croire il est vrai ! Mais ces petites bêtes survivent à tout et les voilà de retour, Génération Identitaire en tête, mitraillés par Damien Lefèvre/Rieu himself, les deux pieds dans la neige, équipé d'un superbe appareil photo ressemblant furieusement à celui dont il est affublé lorsqu'il est dans nos murs... Mais chut ! N'allons pas croire que le directeur du service communication de la mairie de Beaucaire puisse utiliser du matériel acheté avec l'argent des contribuables beaucairois, il n'oserait tout de même pas ! Si ? N'extrapolons pas et laissons-lui le bénéfice du doute, soyons généreux.

Ainsi donc un employé de notre ville, condamné en première instance à la privation de ses droits civiques pour cinq ans, participe avec ses petits camarades à une action illégale qui n'est ni plus ni moins qu'une ingérence dans les affaires de l'Etat et s'en vante sur les réseaux sociaux, preuves à l'appui. Et pendant ce temps-là Julien Sanchez, en sa qualité de maire de Beaucaire et de porte-parole du Front National, s'exprime sur la loi Asile et Immigration. Coïncidence ? Je n'y crois pas. Car les identitaires sont le bras armé du Front National et nombreux sont ses activistes qui en sont adhérents #ilnyapasdehasard

Bref ! Les vaillants identitaires venus d'Allemagne, d'Angleterre, d'Autriche, du Danemark, de Hongrie, d'Italie, et accessoirement de France, sont une centaine à avoir chaussé leurs raquettes pour affronter la petite grimpette vers le col de l'Echelle, passage régulièrement emprunté par des migrants pour parvenir dans la vallée de la Névache où de nombreux habitants leurs viennent en aide. Nourriture, logement, hygiène, repos... Autant de délits de solidarité qui valent à certains de se retrouver dans un tribunal pour avoir fait preuve d'humanité. S'arrogeant un pouvoir dont il ne disposent pas, et donc en toute illégalité, les identitaires ont installé une barrière de chantier sur plusieurs centaines de mètres, dont l'ouverture unique est gardée par des postes de surveillance. Se prenant pour des militaires ils se sont postés tout au long de la barrière dans une attitude dissuasive qui prêterait à rire si elle n'était insupportable d'arrogance ! En sus de cela ils ont déployé une énorme banderole au texte écrit en blanc sur fond rouge, disant en substance et en anglais "Vous ne ferez pas de l'Europe votre maison".

Génération Identitaire patrouille donc le long de notre frontière avec l'Italie en toute impunité, avec en soutien logistique deux hélicoptères (dont l'un repeint dans leurs couleurs et portant leur logo), un avion biplace et plusieurs drones ! Ajoutons à cela les tentes (bleu marine et avec leur logo) le matériel nécessaire à la barrière, et tout l'équipement nécessaire pour stationner le long de ce pseudo grillage. On peut légitimement s'interroger sur le financement de cette opération, au sujet duquel il faudra sans nul doute creuser pour trouver l'origine. Laquelle sera probablement reliée à l'Alt-Right américaine comme celle du rafiot de l'été dernier qui avait pris la mer grâce à la générosité de David Duke, ancien patron du Ku Klux Klan #touslesmêmes

Militants antiracistes, militants antifascistes, journalistes, citoyens dotés d'une conscience et soucieux de préserver nos libertés tout simplement, nous sommes nombreux à dénoncer depuis quatre ans les agissements des militants de Génération Identitaire. Pour ma part cela fait quatre ans que je m'en inquiète réellement, que je suis à la trace leur actualité, que je m'informe sur ses membres et ceux des autres mouvances d'extrême-droite, que je plonge les deux bras dans ce tas de fumier qui s'auto alimente chaque jour un peu plus ! Aujourd'hui un cap est franchi, un de plus, et je me demande jusqu'à quand ces groupuscules dangereux continuerons leurs actions en toute impunité. Si le délit de solidarité pour ceux qui viennent en aide aux migrants est passible d'amendes, voire d'emprisonnement, qu'en est-il de celui d'ingérence, de connerie et d'incitation à la haine raciale mêlés ? Il est temps que l'Etat prenne ses responsabilités et que cette minable association qui se prend pour un mouvement politique soit dissoute. Tout comme devraient l'être tous ces satellites d'extrême-droite qui font preuve de violence dans nos villes, dans nos universités, et jusque dans nos lycées ! Notamment le Bastion Social (ex GUD) dont les accointances avec le Front National n'est un secret pour personne #virezmoitoutcemerdier Ouvrons les yeux pour regarder la haine et son pitoyable cortège de peurs en face ! Et dressons l'oreille, en France la voix des identitaires appelle à se dresser contre la République, pour imparfaite qu'elle soit celle-ci 'en demeure pas moins notre unique rempart contre la haine. Pour le moment.

Mission Grimpette (suite)
Comme d'habitude les identitaires ont détalé devant la réaction des antifascistes No Borders italiens qui n'ont pas hésité à traverser la frontière pour manifester leur solidarité avec les migrants qui souhaitaient passer le col de l'Echelle #couragefuyons Cette action qui a été un succès dénonce bien évidemment le délit de solidarité en sus de donner aux identitaires une bonne leçon. Le fait que des militants doivent se substituer à l'Etat pour faire déguerpir des activistes menant une action illégale sur nos frontières en dit long sur la loi Asile et Immigration clairement sujette à controverse ! La gendarmerie s'est de son côté assurée que les identitaires débarrassaient le plancher avec armes et bagages (non ce n'est pas une métaphore, certains étaient armés !) tandis que la Préfète des Hautes-Alpes minimisait la portée de leur action et leur volonté d'ingérence dans les affaires de l'Etat #faudraitpaslestraumatiser #ilsrendentservice

On apprend par un communiqué des sociétés de location d'hélicoptères SAF HELICOPTERES et HELI-MAX qu'ils vont porter plainte contre Génération Identitaire pour atteinte à l'image de leurs entreprises, l'action menée et sa communication étant en contradiction avec les valeurs morales dans lesquelles ils sont engagés tout au long de l'année en assurant des missions de secours dans la région. Les patriotes de pacotille seront contents, ils vont encore faire parler d'eux...

Mise à jour
Selon Génération Identitaire, l'opération Mission Alpes a coûté dans les 30 000 euros. Le mouvement bénéficie de différentes sources de financement et fait un appel au don permanent sur son site web. En décembre 2017, Génération Identitaire avait lancé un appel au don suite à la condamnation de 5 de ses membres (dont Damien Rieu) par le tribunal de Poitiers à 40 000 euros d'amende. L'argent récolté permettrait de financer des actions comme celle du week-end au Col de l'Echelle. 

mercredi 4 avril 2018

LES MOULINS A VENT


Martin Luther King est mort assassiné il y a 50 ans. Qu'en est-il aujourd'hui de son message de paix, d'unité et de non violence ? Pour nous qui menons un dur combat contre le racisme et les discriminations le constat est simple : très peu de choses changent, très peu de lignes bougent et le fond demeure, effroyable d'indifférence et d'individualisme forcené. Les prises de conscience sont sporadiques, peu s'ancrent dans la réalité et survivent au quotidien. 

Il nous faut avoir l'âme chevillée au corps pour continuer, persévérer, ne rien laisser passer ! Lutter contre les inégalités, contre la xénophobie, contre la haine, contre les violences racistes, est un choix de vie qui met une distance entre les autres et nous alors même que nous nous battons pour eux.  A notre petit niveau nous ne pouvons qu'imaginer ce que Martin Luther King a vécu, les humiliations qu'il a supportées, les souffrances qu'il a endurées... Et c'est parce que nous ne souhaitons cela à personne que nous continuons. Il n'y a pas d'héroïsme ou d'abnégation dans la lutte antiraciste, il n'y a que de la colère face aux injustices ! Une colère que nous utilisons pour grignoter chaque jour un peu du terrain contrôlé par la haine et les peurs. Avec parfois de vraies avancées, des victoires qui nous réchauffent le coeur et nous confortent dans la justesse de notre combat. Mais parfois aussi, trop souvent, des reculs, des pusillanimités qui nous hérissent, des absurdités et une très grande solitude... Ceux qui minimisent à l'envie l'action des militants antiracistes feraient bien de se poser une seule question : jusqu'où autorise-t-on la haine et son cortège de violences ? Car c'est de cela qu'il s'agit. 

Ainsi donc en 2018, en France, si l'on a une petite poussée de haine, on peut se livrer à des agressions mortelles à caractère ouvertement antisémite. Et si l'on a un petit coup de mou on peut dans la foulée laisser la présidente d'un parti fasciste faire son show de récupération politique, bien encadrée par nos CRS et la Ligue de Défense Juive, dont on se demande pour cette dernière pourquoi elle n'a pas encore été dissoute ! Dans la foulée on laisse les membres de cette même LDJ éructer des insanités à la figure de Jean-Luc Mélenchon et des insoumis qui l'accompagnent jusqu'à les contraindre à prendre la décision de quitter le cortège. On assiste donc à cette contradiction qui mène à accepter dans une marche contre l'antisémitisme la présidente d'un parti fondé par des nazis, qui s'est construit sur l'antisémitisme et le négationnisme. S'il n'entre certes pas dans les attributions du CRIF d'interdire la présence de qui que ce soit dans le cortège, on peut en comprendre aisément la motivation.

Les faits lui donnent raison. Le matin même de la manifestation un local de l'UEJF à la Sorbonne Paris 1 a été saccagé et couvert de tags antisémites. A contrario huit jours plus tôt Alain Soral, poursuivi pour avoir publié des caricatures clairement antisémites, était relaxé par le Tribunal Correctionnel de Paris. Un jugement incompréhensible... La montée d'une nouvelle forme d'antisémitisme fondée sur des actes de violences est une évidence. Elle progresse en même temps que se multiplient les propos racistes, sexistes, islamophobes, anti-migrants, anti-asiatiques, homophobes, et tant d'autres ! Dans un autre registre, des agressions contre des étudiants qualifiés de "gauchistes" sont menées, parfois avec une extrême violence, par des groupuscules d'extrême-droite clairement identifiés : Génération Identitaire, Bastion Social (fondé par d'ex militants du GUD), RED (Rassemblement d'Etudiants de Droite) dans les facultés de Montpellier, Lille et Angers, le lycée auto-géré de Paris, mais également dans le centre ville de Strasbourg et celui de Lyon. Et lorsque le député LREM Thierry Michels demande  à l'Assemblée Nationale au ministre de l'Intérieur la dissolution du Bastion Social, la réponse de Jacqueline Gourault, ministre auprès de Gérard Collomb, aligne les références à la loi pour donner l'assurance d'une vigilance de ses services sans exprimer clairement qu'elle n'estime pas que les conditions nécessaires soient réunies... Faudra-t-il un massacre pour que des mesures soient prises ?

Une question se pose : qu'attendons-nous pour agir ? Et lorsque je dis nous je veux dire le gouvernement. Je n'entrerai pas dans le débat de l'avant-après Emmanuel Macron, ce n'est pas le sujet. Il y a en France des lois qui encadrent tous les agissements qui vont à l'encontre des valeurs républicaines, mais le cadre coercitif n'est pas appliqué avec suffisamment de rigueur pour être dissuasif. Aujourd'hui rien ne garantit que vos droits seront respectés, que votre souffrance sera prise en considération, que vos appels seront entendus. Il y a une effarante disproportion entre la réalité des faits et la manière dont les traite la justice. J'ai un grand respect pour nos institutions, mais je m'interroge sur l'obsolescence programmée de leur mode de fonctionnement qui ne nous donne aucune assurance que des solutions d'efficience leur seront apportées. Et nous savons, nous militants antiracistes, que nos combats ne sont pas la priorité de notre gouvernement, pas plus qu'ils ne l'étaient des précédents. Nous sommes un peu comme Don Quichotte, nous nous battons contre des moulins à vent...

La menace que l'extrême-droite fait peser sur la France est très réelle. Il serait temps de cesser de couper les cheveux en quatre pour prendre enfin les décisions qui s'imposent. Rien, pas même la plus petite entorse à ces lois qui sont censées protéger les citoyens contre les actes de haine, de violence, de racisme, d'antisémitisme, de négationnisme et de discrimination, ne doit être toléré. Fermons à double tour la porte à la haine, et prenons garde à ceux qui rouvrent discrètement les fenêtres à tous ses dérivés...




Note

Le Bastion Social est un mouvement fondé par d'ex-militants du GUD (Groupe Union Défense) sur le modèle de Casa Pound Italia, centre social et parti politique italien d'extrême-droite. Son slogan annonce la couleur : "les nôtres avant les autres". Son président, Steven Bissuel, est un transfuge du GUD. Les militants du Bastion Social se sont installés à Lyon, Strasbourg, Chambéry, Aix-en-Provence, Marseille... Le mouvement s'inspire également des Phalangistes espagnols et du mouvement fasciste grec Aube Dorée, et s'est allié en Provence à l'Action Française. Il est soutenu par plusieurs personnalités du FN : le sénateur de Marseille Stéphane Ravier, le député européen Jean-François Jalkh, et Frédéric Châtillon, ancien patron du GUD et proche de Marine Le Pen.