jeudi 4 janvier 2024

BONNE ANNÉE… OU PAS !


Pour 2024 je vais former des vœux amies lectrices, amis lecteurs. C’est la tradition, non ? Mais quand une tradition percute une actualité terrifiante, peut-on encore se gaver de «bonne année, bonne santé et prospérité» ? Pas vraiment.

Pour que l’année soit bonne, encore faudrait-il qu’elle soit tranquille. Sans conflits ingérables qui s’éternisent. Sans visées dictatoriales d’empereurs des temps modernes auto proclamés. Sans montée inexorable des nationalismes de tous poils qui essaiment sur notre pauvre planète. Et à propos de planète, en retrouvant une conscience climatique, tiens ! Ce serait bien. Une année sans féminicides, sans lâcheté devant les comportements des hommes de pouvoir persuadés que la célébrité est un blanc seing pour dire et faire n’importe quoi. De l’inceste au viol, des baffes aux harcèlements de toute nature, des agressions verbales aux agressions physiques. Et pendant qu’on y est, si les politiques voulaient bien faire de la politique constructive au lieu de déconstruire ce que les générations précédentes ont bâti, ce serait cool. Ce qui pourrait contribuer à une bonne année ce serait par exemple une vraie loi de transparence pour lutter contre la corruption et les abus de pouvoir, assainir la politique, et nous épargner les «affaires» qui émaillent nos actualités tous les mois. N’y a-t-il donc plus aucun élu propre sur lui ? Je ne vais pas faire ma gauchiste woke outrée - gauchiste je ne le suis pas, woke encore moins, et outrée n’est pas le terme qui convient - mais enfin peut-on espérer revenir à plus de décence et de retenue ? A de la sincérité ? A une vraie vision politique ? A des engagements qui ne soient pas motivés par l’attrait du pouvoir ? A une droiture et des actes en accord avec des valeurs ? Toutes ces choses qui feraient que l’on puisse de nouveau admirer des femmes et des hommes politiques. Notre pays, l’Europe aussi, n’ont pas manqué de personnalités d’exception au cours des siècles. Une manne qui s’est tarie dès que nous sommes entrés dans ce siècle qui donne plutôt le sentiment d’un délitement irréversible. Et l’avenir s’obscurcit. Ce n’est pas du catastrophisme, c’est un constat logique. Et ce n’est certes pas en désignant du doigt les étrangers comme responsables de tout ce qui va mal que l’on résoudra les problèmes qui s’accumulent. La solution n’est pas, ne sera jamais, de céder à la vindicte populaire ou de l’encourager.

Mais parlons un peu de la santé et de la prospérité. Deux vœux qui pour être sincères n’en sont pas moins utopiques pour une bonne partie de la population : j’ai nommé les pauvres. Vous savez, ceux qui dépendent du RSA pour survivre. Ceux que l’on étrangle un peu plus en exigeant  qu’ils justifient en permanence d’être pauvre et méritent d’être aidés. Ceux à qui l’on demande désormais de fournir des heures minimales de travail alors que, n’en déplaise au gouvernement, le chômage est exponentiel et frappe encore plus durement cette catégorie de la population qui gêne les bien-pensants. Ces pauvres qui vivent avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, la peur au ventre, qui ne peuvent ni se chauffer correctement ni se nourrir sainement, qui du coup tombent malades mais à qui on reproche évidemment la CMU et le coût des allocations qui leur sont versées justement pour survivre. La boucle est bouclée !

Alors oui, tout cela ne fait pas plaisir à lire, et peut-être que cela obligera certains et certaines à se remettre en question. Du moins je l’espère. Alors si cette année, en lieu et place de taper sur les autres en les rendant responsables de tous nos maux, nous éprouvions nos valeurs d’humanité, de solidarité et de liberté ? Si nous préservions la laïcité qui fait la particularité de notre république au lieu de la dénaturer par des actes, des propos et des lois qui la fragilisent ? Si nous ouvrions grand nos bras, nos cœurs et nos frontières à celles et ceux qui souffrent, qui fuient un pays en guerre ou qui souhaitent se construire une vie meilleure ? Si nous respections l’autre tout simplement au lieu de protéger notre pré carré de tout et de tout le monde ?!

Voilà, amies lectrices et amis lecteurs, ce que sont mes vœux pour cette nouvelle année. Je vous souhaite donc le meilleur, et je forme l’espoir que cela débutera par la préservation de nos libertés individuelles et collectives. Et par l’éradication des fachos, des racistes, des antisémites, des ordures machistes et des abrutis qui pullulent et  spolient notre atmosphère. Bonne année à toutes et à tous, que 2024 vous garde l’envie de me lire, et à moi le plaisir d’écrire 🙏✍🏻🤗