mercredi 18 septembre 2019

DÉLITEMENT


Nous assistons, les bras tranquillement croisés pour la plupart, au délitement de notre société moderne. Nous laissons s'installer de graves dérives idéologiques sans vraiment réagir, ou si peu. Nous encourageons l'ancrage des nationalismes et des populismes les plus crasses dans nos villes. Ils gangrènent notre pays, essaiment en Europe et se lient avec leurs homologues sur toute la surface du globe. En silence. Un silence assourdissant, pire que tous les tintamarres que nous pourrions inventer, plus dangereux que n'importe quelle révolution. Un silence qui étend sur notre société un brouillard épais, opaque, malsain, de ceux qui précèdent les grands bouleversements d'un siècle.

Et l'histoire de l'humanité est ainsi faite que chaque siècle a rassemblé les conditions de terribles périodes d'affrontements dont le seul mérite est d'avoir, à chaque fois, enfanté une société plus évoluée, plus ouverte, plus humaine. Laquelle s'empresse de régresser sur le plan des libertés à mesure qu'elle progresse sur celui des technologies. Paradoxe ? L'humain en est un à lui seul, alors l'humanité toute entière... A croire qu'il plaît à beaucoup de regarder notre monde s'écrouler, voire même de l'y aider, alors que nous disposons de toutes les clés pour lui permettre d'évoluer vers le meilleur. Notre 21ème siècle ne fera pas exception à la règle. Le pseudo patriotisme qui préside à la fermeture des frontières et aux persécutions des minorités s'assied aujourd'hui comme hier, mieux qu'hier ! autour des tables rondes de nos gouvernements avec leur bénédiction, et a désormais droit de cité dans nos institutions régionales, départementales et locales. Cette vieille lune de l'extrême-droite qui ne meure jamais, incroyablement tenace et capable d'une aberrante résilience sociale, resurgit à point nommé pour souffler les mots de nos dirigeants et inspirer les discours et la rédaction des textes officiels qui dicteront nos actes et en limiteront la portée.

A cet égard chacun a pu constater que pour sa rentrée politique, et dans l'objectif affirmé d'un ancrage territorial, la présidente du Rassemblement National a étoffé la monotonie de son discours habituel pour racoler le plus largement possible. "La mode est à la transition écologique, or nous n'avons aucun programme ni compétences dans ce domaine" s'est-elle probablement dit "nous devons parer au plus pressé et parler au cœur de tous en liant l'écologie à nos préoccupations fondatrices." Ainsi voit-on poindre le nez du "localisme" qui permet à Marine Le Pen et sa cour de légaliser en quelque sorte, et à tout le moins de justifier, l'impensable. Offrant à ses partisans peu regardants sur le sujet l'excuse parfaite qui validera la plus minable des démarches pseudo-écologiques et inscrira son parti au rang de sauveur tout à la fois de notre civilisation et de notre planète. Satisfaisant ainsi les plus radicaux de ses sympathisants et/ou adhérents et donnant aux plus jeunes l'illusion de faire quelque chose de bien pour leur avenir et celui de leurs progénitures présentes ou futures. 

La plus grosse arnaque de l'extrême-droite c'est celle-là. Car qu'est-ce que le localisme, sinon un repli sur soi prôné à tous les stades de la production et de la consommation, qui justifie aux yeux du Rassemblement National, de ses alliés et de ses satellites, de fermer les frontières et de faire peser sur l'immigration, encore et toujours tenue responsable de tous les maux, la menace d'une exclusion définitive de la société française ? Quels que puissent être la teneur de ses discours et de son programme, qu'ils s'adressent à nos villes et villages, à notre pays ou à l'Europe dans sa globalité, le Rassemblement National surjoue ses prétendus atouts et n'apporte aucune solution miracle, dans aucun domaine. Parce que jamais rien de ce qu'il propose n'est au bout du compte humainement acceptable. Pourquoi ? Parce que ce n'est en aucun cas l'humain qui intéresse ce parti, uniquement ce qu'il peut en retirer pour asseoir sa propre puissance. Et pour ce faire tous les moyens sont bons, à commencer par les plus éhontés des mensonges que Marine Le Pen et les cadres de son parti, y compris et surtout les maires de nos villes, débitent  comme de bons petits perroquets à longueur de temps et d'antenne. On ne remerciera pas certains médias de leur donner une aussi indécente visibilité, au mépris de toute solidarité avec ceux sur lesquels le Rassemblement National crache en toute occasion. Comme toute l'extrême-droite, et hélas une partie de la gauche. C'est à la mode cela aussi, comme l'écologie. Et certains chaussent avec délectation leurs bottes de sept lieues...

Malgré, ou peut-être en raison de tout cela, ce parti s'ancre durablement dans nos localités, et par là-même dans notre quotidien. Sans doute est-il possible de changer cette dynamique, en effectuant non pas un retour en arrière mais un fabuleux bond en avant ! Toutes les alliances et bonnes volontés du monde n'y suffiront probablement pas, et ce n'est certes pas avec une cuillère de miel dans une main et un bol de soupe dans l'autre qu'il sera donné de se débarrasser de ces gens-là. Pour ce faire il n'existe qu'une solution : interdire toute constitution de partis ou mouvements politiques dont l'ADN serait en contradiction flagrante et assumée avec les résolutions inscrites dans les articles 1, 2, 4, 6, et 10 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Et dissoudre ceux déjà existants, le Rassemblement National en tête. Pour les sélectionner il suffit de lire leurs statuts, c'est hautement instructif ! Notre Constitution nous en donne l'opportunité, pourquoi cela n'a-t-il jamais été fait ? Pourquoi les plus hautes instances renâclent-elles à agir lorsque d'aucuns les saisissent ? Par pur calcul électoraliste. Il est certain que pour franchir le pas il faudrait faire preuve d'un courage et d'un sens éthique que beaucoup ont perdu, s'ils les ont jamais possédés. 

Cela vous semble radical ? Cela l'est en effet. Mais le danger de voir sombrer notre société l'est plus encore, plus réel que ne le sera jamais tout argumentaire qui viserait à prouver le contraire. On ne défend pas l'indéfendable.


Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen - Préambule de la Constitution

Art.1 - Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
Art.2 - Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression.
Art.4 - La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.
Art.6 - La Loi est l'expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous les Citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents. 
Art.7 - Nul homme ne peut être accusé, arrêté ni détenu que dans les cas déterminés par la Loi, et selon les formes qu'elle a prescrites. Ceux qui sollicitent, expédient, exécutent ou font exécuter des ordres arbitraires, doivent être punis ; mais tout citoyen appelé ou saisi en vertu de la Loi doit obéir à l'instant : il se rend coupable par la résistance. 
Art.10 - Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi.