mercredi 26 juillet 2023

LA P'TITE NOUILLE

Jean Dubuffet « Pisser at the wall » 1945

LA P'TITE NOUILLE Toi t'as passé deux jours sympas en Avignon, t'as pris le pouls du Festival et tu t'es plongée avec délices dans la foule qui arpente la ville. T'as collecté des flyers comme chaque fois, par plaisir et aussi par solidarité avec les comédiens qui tractent pendant des heures dans des costumes improbables en plein cagnard. T'as revu des amies, tu t'es fait de nouveaux potes et tu t'es délectée d'échanges fructueux avec des personnes qui sont sur la même longueur d'onde que toi. Tu as profité de ta famille qui t'as bichonnée, t'as câliné les chats et la tortue, et là t'es un peu crevée parce que faut bien dire que tu ne rajeunis pas, hein ?! Mais tout va bien. Tu as pris un bain de civilisation et tu es contente de rentrer chez toi, de retrouver tes chats, le calme de ta cour et ta routine beaucairoise.

Tu descends du train d'un pas alerte, la gare est toujours en travaux mais tu t'en fous, ça n'altère pas ta bonne humeur. En passant sous la gare désaffectée tu te trouves nez à nez avec une voiture de la Police Municipale qui te fait manger un nuage de poussière, mais bon faut bien qu'elle puisse traverser pas vrai ? Tu te demandes quand même pourquoi elle fait demi tour, mais tu continues ton chemin sous la voûte. Et là... Tu tombes sur un agent visiblement déposé là par ladite voiture, en train de se soulager à la vue de tous et surtout à la tienne, la zigounette à l'air et pas gêné pour un sou ! Il te regarde et il ne s'excuse pas, n'essaie même pas de se dissimuler. C'est sûr qu'il n'y a pas grand-chose à voir, vraiment pas de quoi en faire un fromage, mais tout de même ! Toi tu ne dis rien, tu ne veux pas ajouter de la hargne à la gêne et tu penses que peut-être il s'excusera après... Et pendant que tu contines ton chemin le mec pisse tranquille, puis il monte dans la voiture qui te dépasse en te faisant à nouveau manger un nuage de poussière. Sans un mot.

Bon c'est clair qu'à ton àge ce n'est pas la vue d'une p'tite nouille qui va te faire flipper, t'en as vues d'autres, hein ?! Ben oui. Mais bon, tu mémorises quand même la tronche qui va avec la nouille et tu te promets in petto que si tu vois le gars s'en prendre à des types qui pissent dans la rue pour leur gueuler dessus ou les verbaliser (oui je sais, on peut rêver !) tu te rappelleras à son bon souvenir et tu lui colleras la honte de sa vie devant tout le monde. Cela avec d'autant plus de plaisir que cet agent s'est déjà distingué par des propos et comportements inappropriés. Heureusement que ses collègues, eux, savent en grande majorité se tenir. Parce que pour ma part je n'ai aucune envie, ni vous non plus j'en suis certaine, de voir la zigounette des tous les mâles de la PM. Ni celle des autres mecs de la ville d'ailleurs !

Donc voilà ! D'une ville à l'autre on change d'ambiance, et ce n'est pas flatteur pour Beaucaire oû ces incivilités sont hélas récurrentes et rarement réprimées. Pour ne pas dire jamais ! Mais que fait la municipalité pour enrayer ces comportements me direz-vous ? Hé bien notre majorité municipale soi-disant si attachée à ramener ordre et décence dans nos rues ne fait rien. Tout comme elle laisse certains boire, hurler et mal se comporter envers les femmes, elle laisse pisser. Alors pourquoi un agent de la PM se gênerait-il ? A Rome fait comme les romains nous dit le dicton. Ici à Beaucaire, on pisse.

vendredi 14 juillet 2023

LE CŒUR DE BEAUCAIRE

Parfois je me demande si tu gardes les yeux ouverts quand tu te balades dans notre ville, ou si tu les fermes pour ne pas te prendre la triste réalité dans les mirettes ! Beaucaire, ville d'art et d'histoire, a-t-elle méritée d'étre à ce point sale, mal entretenue et défigurée par tes choix hasardeux ? Choix qui t'incombe autant, et même plus, qu'à tes adjoints puisque tu décides de tout et qu'ils ne sont là que pour la figuration. Nous n'applaudirons pas le résultat.

J'en veux pour exemple majeur la place Vieille. Cette très belle place  est le coeur de Beaucaire. Ses vénérables platanes offrent une ombre bienvenue et font l'admiration de tous, beaucairois comme visiteurs. D'ailleurs je crains presque d'attirer ton attention sur eux, connaissant ton intérêt discutable pour nos arbres... Tu ne vas pas les couper ceux-là, hein ?! Parce que ce serait le coup de grâce ! La place Vieille est un lieu d'exception, paisible, harmonieux, où règne une véritable atmosphère de village et la douceur de vivre que nous envient celles et ceux qui séjournent dans notre région. Elle donne à découvrir des trésors patrimoniaux remarquables, et bien sûr il y a le Drac qui veille jalousement. Enfin, qui veille... Encore faudrait-il pour ça qu'il ait une vue d'ensemble sur la place ! Parce que à cause de toi, depuis 2015 chaque été, la vue est irrémédiablement gâchée par la monstrueuse estrade que tu y fais dresser début mai et que tu abandonnes là jusqu'a fin septembre. Pourquoi ? Ben juste pour quelques petits groupes musicaux qui n'en demandent pas tant et dont certains préfèrent d'ailleurs se produire à ras du sol pour être plus proches des spectateurs. Cette année exit le bal traditionnel du 14 juillet ! Ce n’est pas comme si les commerces avaient besoin de travailler, pas vrai ? Et comment te dire que tous les beaucairois ne seront pas au pectable équestre ? Tu t’en fous, toi tu y seras. Donc il ne se passe rien sur cette estrade immonde… Ah oui ! J'allais oublier ton incontournable discours du 14 juillet et la remise des médailles de la ville. Pardon ! C'est tellement lourd et grandiloquent que les gens censés n'y viennent plus, seuls tes fans assurent la claque, sagement alignés et la bave aux lèvres, le doigt sur la couture du pantalon. D'ailleurs ce soir on pouvait constater que ton fan club s'était réduit comme peau de chagrin... 

Bref ! Les visiteurs qui arrivent sur la place Vieille, s'y attardent en terrasse et souhaitent prendre quelques photos, en sont pour leurs frais. L'estrade est là qui les bousille d'emblée. Lorsqu'ils demandent où est le Drac, ils le découvrent coincé entre l'estrade, encore elle ! et les arcades classées. Pendant qu'ils savourent un café, un verre ou un bon repas, le bruit des enfants qui jouent sur l'estrade, toujours elle ! dérange la tranquillité des lieux. On ne peut pas en vouloir à des enfants d'y grimper pour s'amuser, pas vrai ? Ben non ! Par contre on peut éviter de leur fournir un terrain de jeux moche, bruyant et qui plus est dangereux ! Oui, dangereux. Le jour où il y en aura un qui s'éclatera la tronche au bas de l'estrade et que ses parents porteront plainte contre la ville, tu auras l'air de quoi ?! J'ai bien ma p'tite idée mais je te laisse le soin de répondre à ça. 

Voilà pour la saison estivale. Mais le reste de l'année, rien ! Nothing, nada, que dalle ! S'il n'y avait pas les commerçants qui s'attachent à la faire vivre au fil des saisons, la place Vieille serait comme le reste de Beaucaire : morte. Alors bien sûr nous avons tous conscience que les petites villes s'endorment doucement sitôt l'été terminé, elles se mettent en mode ralenti et cocoon, un peu comme nous. Et oui, tu nous as concocté quelques dates festives pour réveiller un peu la ville au long de l'année, ce que nous apprécions. Ou pas. Parce que le Salon de l'Agriculture et du Terroir, la Journée Italienne, la Foire de l'Ascension et celle de Rentrée en septembre, le Salon des Métiers d'Arts, le Marché de Noël... Aucune de ces festivités n'essaime sur la place Vieille. Tout est concentré sur la place de mairie et le Champ de Foire. Cette année encore tu innoves avec des encierros place de la mairie, c'est sympa, mais toujours rien dans le coeur de Beaucaire. Rien non plus, jamais, rue Nationale. Et on ne reparlera pas des Beaux Quais, hein ?!

Les beaucairois se souviennent d'un temps où le centre ancien pulsait au rythme des Fêtes de la Madeleine et des taureaux, où la Grand Rue vivait toute l'année, avec des braderies, le marché et des commerces adaptés à leurs besoins. Un temps où le défilé d'ouverture des fêtes était si long et si beau qu'il mettait plus de deux heures à tourner dans la ville avant d'arriver aux Arènes, pendant que tous courraient à travers la ville pour le suivre, le revoir encore et encore, et se régaler ! Tu as endormi Beaucaire. Tu as perverti son âme avec ta vision manichéenne de traditions que tu ne mets en avant que pour servir tes intérêts et sur lesquelles tu rognes en pleurnichant toute l'année. Mais mon gars souviens-toi que tu as aussi été élu pour servir les intérêts des beaucairois ! Le coeur de notre ville, celui que tu dédaignes et défigures avec une constance remarquable, ne bat pas pour toi. Il bat pour nous, les beaucairois. Toi tu n'aimes même pas suffisamment notre ville pour y vivre.

samedi 8 juillet 2023

RIP LES BEAUX QUAIS

Pitoyable ! Il n'y a vraiment pas d'autre mot pour qualifier le spectacle affligeant de la mise à mort des Beaux Quais ! Ci-devant rebaptisées Vendredis de Beaucaire en 2018 pour soi-disant leur redonner un second souffle, nos festivités hebdomadaires sont devenues au fil des années une tradition incontournable prisée des beaucairois comme des touristes. Les beaucairois attendent chaque année avec impatience que débutent ces soirées naguère très animées pour (se) balader sur le canal en savourant un chichi ou une glace et chercher d'étal en étal l'objet artisanal qui les fera craquer, le jouet à petit prix qui fera plaisir aux enfants ou le petit cadeau idéal à offrir à un.e proche. Passer d'une ambiance musicale à une autre au fil des restaurants du canal, dîner en terrasse ou boire un verre entre amis ou en famille, papoter, faire quelques pas de danse, rire au spectacle toujours réjouissant des badauds, croiser de vieilles connaissances qu'on ne voit que l'été, s'amuser et se détendre en gardant un oeil sur les enfants en liberté, c'était tout le charme des Beaux Quais. 

Et hier soir patatras ! Tout cela s'est effondré. Adieu nos Beaux Quais et nos sorties du vendredi, ne reste qu'un misérable marché banal d'une vingtaine de stands sans aucun produit artisanal, sans rien d'original, sorte de malfaçon en modèle réduit très bas de gamme de notre marché bi-hebdomadaire. Sans intérêt. Exit le marché provençal tant vanté par la municipalité depuis 2014 ! Exit la petite brocante sympathique du cours Gambetta ! Exit les stands de créations artisanales ! Ne reste qu'un ersatz indigeste de ce qu'il était. Un os jeté à la populace. Bien sûr nous l'avons vu décliner depuis que Julien Sanchez et sa majorité y ont apposé leur patte identitaire, virant des forains qui venaient chaque année et qui n'avaient pas l'heur de leur convenir, en acceptant d'autres souvent sans grand intérêt ni grande qualité. Malgré cela les Beaux Quais demeuraient un rendez-vous festif et une vraie soirée de détente. 

Il semble cette fois que l'objectif de la municipalité soit désormais d'ôter à une certaine population beaucairoise dite "populaire" toute envie d'investir le canal, ne lui offrant pas d'autre choix que celui d'assister debout aux spectacles de la place de la mairie, si bien sûr elle ne se fait pas virer par la sécurité comme les trois années précédentes. Ce qui laisse à celles et ceux qui dînent en terrasse ou y boivent un verre tout le loisir de savourer leur soirée sans être "dérangés" par la plèbe. Des Vendredis de Beaucaire sélectifs, donc, et des choix clairement discriminatoires. Beaucaire change, et si le changement est certes naturel il est parfois nettement moins acceptables que d'autres. Voire pas du tout ! De nos Beaux Quais tant appréciés il ne reste que peau de chagrin, et aux beaucairois leurs yeux pour pleurer #RIP 😭😡

lundi 3 juillet 2023

LE CURSEUR

Aujourd'hui à midi, à l'appel de l'Association des Maires de France, des rassemblements se sont tenus dans toutes les villes de France pour marquer la solidarité des français avec leurs maires suite aux attaques de mairies ou de domiciles des maires lors des émeutes. Ma réaction a été immédiate et sans appel : je n'irai pas. J'ai bien conscience que beaucoup seront choqués par ce choix et en déduiront que je me désolidarise des maires visés par les émeutiers. Il n'en est rien.

En toute conscience je ne saurais par ma présence cautionner un soutien plein et entier au maire de Beaucaire, par exemple ou à tout élu d'extrême droite ou de la droite dure dont les propos ouvertement racistes et discriminatoires envers la jeunesse en colère des quartiers populaires sont autant d'incitations quasi quotidiennes à la haine. Je ne saurais pas plus demeurer immobile et confite en dévotion pendant que Julien Sanchez et ses congénères déroulent à l'envie la longue liste de leurs récriminations et autres jugements péremptoires sur cette même jeunesse, la prétendue démission de leurs parents, les dangers de l'immigration en provenance d'Afrique (comprenez musulmane) et les atteintes à une identité nationale fantasmée. Je ne saurais encore moins l'entendre vanter les mérites d'une police que l'on sait gangrénée par le racisme, la haine et le rejet, et dont trop de membres se prennent au mieux pour des cow-boys, au pire pour des justiciers. Police dont je précise que je la sais nécessaire et que je la respecte dans sa globalité, mais qui s'est hélas focalisée ces dernières années sur ses missions régaliennes au détriment de son rôle de protection des citoyens. Et pour finir je ne saurais absolument pas écouter le maire RN de Beaucaire désigner ces jeunes en colère à la vindicte populaire et en faire les boucs émissaires des revendications populistes et identitaires de son parti.

Alors bien sûr ça va jaser dans les chaumières beaucairoises, mais je n'en ai cure. Être en adéquation avec ses valeurs et ses combats c’est aussi, c'est surtout ! savoir faire la part des choses et ne pas s'associer à n'importe quoi et/ou n'importe qui sous prétexte de solidarité. Solidaire avec celles et ceux qui souffrent ou qui sont discriminés je le suis, mais je ne le serai jamais avec l'extrême droite, la droite dure qui s'aligne sur son idéologie, et tous les populismes quels qu'ils soient qui se nourrissent des colères et frustrations de ce peuple qu'ils prétendent représenter et dont ils sont si éloignés. Ces gens-là ne me représentent pas. Je ne juge pas celles et ceux qui ont participé à ces rassemblements, et notamment ici, à Beaucaire. Il leur appartient de pousser le curseur de leur compromission comme cela leur convient. Le mien, n'en déplaise à ceux qui me jugent en permanence, restera à zéro.