Il y a tant de choses que je ne devrais pas dire ! Je suis plus que consciente du fait que l'on m'attend au tournant, qu'au moindre écart de langage menaçant un statu quo durement acquis on me tournera de nouveau le dos. Mais s'il-vous-plaît, mettez-vous un peu à ma place, et jugez de l'inconfort de ma situation. Pour employer une métaphore visuellement parlante, j'ai en permanence le cul entre deux chaises ! Sur la première se posent l'amitié, le respect parfois, la bonne éducation toujours. Sur l'autre, on trouve mes engagements militants, qui ne sont pas forcément compatibles avec le reste. Et il ne m'est pas toujours possible de faire taire les seconds pour ménager les premiers... Alors de temps à autre, comme aujourd'hui dans ce billet, comme je l'ai déjà fait par le passé, je passe outre les susceptibilités ambiantes et je dis ce que j'ai à dire. L'hypocrisie n'a jamais été ma tasse de thé, et si je conçois que ma franchise puisse déplaire, j'aime appeler un chat un chat. Donc allons-y !
Je me bats depuis neuf ans à Beaucaire contre l'extrême droite, le RN bien entendu, mais aussi tous les satellites qui gravitent autour, et plus particulièrement les mouvances identitaires. Depuis la création du RCB, devenu récemment AcaaB, je n'ai jamais baissé les bras quand tant d'autres se sont lassés, ou tournés vers la politique au détriment de la lutte antiraciste et antifasciste, en refusant de comprendre que leurs choix n'étaient pas antinomiques et que les deux engagements pouvaient, et devaient, se mener de front ! Les mêmes m'ont étiquetée "infréquentable" parce que la force de mon militantisme et disons-le franchement, ma grande gueule et ma plume caustique, dérangent les tièdes, les consensuels et les timorés. Je précise ici que je n'éprouve de haine envers personne, c'est un sentiment que je ne fréquente pas et qui est trop corrosif pour que je m'y frotte. Je n'ai pas non plus, je le redis une fois de plus pour celles et ceux qui ne l'auraient toujours pas compris, la moindre ambition politique. Parce que, entre autres choses, je refuse de m'exposer à la moindre compromission. Et l'attrait du pouvoir corrompt. Malheureusement, celles et ceux qui ne partagent ni mes valeurs ni mes convictions sont intimement persuadés que ce sont la haine et l'ambition qui guident mes choix, et ma farouche opposition à la politique du maire de Beaucaire. Quant aux groupies du maire, leur entêtement à me catégoriser politiquement alors que je suis un électron libre qui ne se réclame d'aucun parti politique dépasse l'entendement... Pour tout dire, plus le temps passe et moins je me reconnais dans les positions des uns comme des autres. Je ne les trouve ni francs du collier, ni en phase avec le terrain qu'ils prétendent occuper, ni connectés à la réalité ! J'en veux pour preuve leur refus de s'engager à nos côtés face au rassemblement du RN qui se tenait à Beaucaire le 16 septembre dernier. Prétendre combattre l'extrême droite par le seul biais de commissions dédiées annoncées à grands renforts d'effets de manche, alors que l'on se refuse à concrétiser cet engagement par des faits, ne saurait avoir la moindre valeur. Soyons clairs, la pusillanimité et les pudeurs de jeune fille des politiques n'ont pas leur place dans cette lutte pour la liberté, l'égalité et la fraternité. Dont acte.
Je ne devrais pas dire que les guerres intestines qui déchirent certains partis politiques gardois font presque autant de mal à Beaucaire que l'omniprésence du RN sur notre territoire. En se concentrant sur leurs batailles d'egos ils en viennent inévitablement à négliger notre ville, territoire oublié des politiques qui ne la redécouvrent qu'en période électorale. Les seuls qui s'y investissent à longueur d'année, et répondent présent lorsque l'on fait appel à eux, ce sont les communistes. Ils n'ont jamais dérogé dans la lutte antiraciste et antifasciste. Leur soutien est acquis. Ce qui, en ces temps de flottement et de porosité avec les idées d'extrême droite qui n'épargne hélas aucune tendance, est une formidable motivation. Sur le plan local, la gestion autocratique de Julien Sanchez et la main mise de Yoann Gillet sur tout, et surtout sur ce qui ne relève pas de sa mandature, n'ont d'égal que l'acharnement d'une partie des oppositions municipales à s'effacer toujours plus pour ne pas perdre un électorat potentiel qui les a définitivement enterrés en 2020. Ce qu'elles se refusent à accepter et plus encore à analyser. Depuis trois ans certains opposants tournent en rond en se mordant la queue, incapables de se remettre en question pour relancer la machine électorale, ancrés dans leurs certitudes, et se souciant peu de décevoir celles et ceux qui les ont élus. Je l'ai écrit plus haut, je le maintiens : le pouvoir corrompt. Et aussi sincèrement amoureux de leur ville et investis dans les dossiers municipaux qu'ils le soient, ils sont pour la plupart atteints par ce syndrome. Certains portent également leurs ambitions au-delà de la Terre d'Argence, ce pourrait être une chance pour Beaucaire s'ils ne reléguaient pas notre ville au second plan. Faisant ainsi chuter le baromètre de confiance des beaucairois qui ne comprennent pas leurs choix.
Je ne devrais pas dire non plus que faire peser sur l'avenir des villes et villages, et en l'occurrence de la nôtre, les politiques nationales menées par les divers partis, c'est faire en toute (in)conscience le choix d'un échec assuré aux prochaines municipales. Ce qui revient clairement pour les concernés à faire celui de leurs ambitions politiques au détriment de Beaucaire. Juste pour exister politiquement. Alors je m'interroge... Je n'ai jamais manqué de voter depuis ma première élection et je suis très attachée au processus démocratique. Mais comment faire un choix dans de telles conditions ? Comment soutenir une liste sur ma ville quand le casting annoncé ne me fait pas rêver et, soyons clairs, ne fait pas non plus rêver la plupart de celles et ceux qui veulent virer Julien Sanchez ? Des têtes de listes potentielles qui, de surcroît, ne motiveront pas non plus les abstentionnistes, toujours plus nombreux. Le fatalisme ne devrait pas être de mise dans la lutte contre l'extrême droite, mais je le dis en toute franchise : si rien n'évolue et que les uns comme les autres s'obstinent dans leurs choix, la ville restera aux mains du RN. Et si c'est le cas, Beaucaire est foutue.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire