dimanche 13 juillet 2014

PANEM ET CIRCENSES : DU PAIN ET DES JEUX

S'il est une constante dans les pratiques politiques toutes tendances confondues c'est de donner au bon peuple du pain et des jeux pour l'aveugler momentanément sur les dérives de sa propre histoire. Héritée des empereurs romains qui en abusaient sans vergogne, reprise à leur compte par toutes les figures du fascisme et autres dictateurs, cette méthode porte toujours ses fruits. Il suffisait hier soir de voir les visages épanouis des beaucairois venus en grand nombre assister à l'élection de Miss Beaucaire sur la place de la mairie pour comprendre que la chute serait dure ! Très dure ! Ravis par un spectacle coloré animé par les jolies miss régionales ils passaient allègrement sur un manque criant de talent pour ne garder en tête que la plastique irréprochable, les sourires et une musique entraînante à souhait qui enchaînait les standards. L'ensemble était festif, joyeux et agréablement populaire, les tableaux se succédaient sans temps mort et nous ont fait passer à tous, moi y compris, une très bonne soirée. 


Mais cela n'empêche pas de garder les yeux ouverts et de remarquer quelques connotations gênantes. Principalement la très belle chanson "Mein Herr" - tirée de la comédie musicale "Cabaret" dont l'action se situe en pleine montée du nazisme - qui avait dans notre contexte actuel une résonance quelque peu dérangeante. Il est à noter que Julien Sanchez était manifestement fasciné par les numéros de la revue dont l'élégant et talentueux danseur ne semblait s'adresser qu'à lui ! L'attraction du pouvoir sans doute...


Si l'on excepte une plaisanterie d'un goût douteux relative aux fesses de ses adjoints Julien Sanchez a fait ce que l'on attendait de lui, comme il s'attache à le faire en permanence. Assis à côté de la très belle Marine Lorphelin il a applaudi lorsqu'il le fallait et assumé son rôle de juge avec le sourire. Cet homme me fait irrésistiblement penser à une marionnette comme l'on en trouvait jadis dans les foires ! Vous savez, ces trucs en bois vêtus de satin, de soie et de velours dont la figure figée et le regard sans âme vous donnent froid dans le dos... Ils n'ont pas été créés pour amuser le public mais pour lui donner l'illusion d'un divertissement, pour soutenir des histoires effrayantes ou effarantes et forcer à l'hilarité les braves gens du village qui ne savent trop quoi en penser. N'allez pas croire pour autant que Julien Sanchez soit la marionnette de qui que ce soit à part lui-même ! Non, c'est un illusionniste, un manipulateur qui distille le charme avec aisance et vous endort avec ses promesses et ses mensonges aux accents de vérité.

Julien Sanchez a le sourire facile, la parole éloquente, l'écoute spontanée ! Un maire idéal ? Certes non. Car ce maire-là tourne délibérément le dos aux appels d'adolescents avides de lui parler pour se consacrer aux photographes et aux journalistes. Notre jeunesse beaucairoise ne l'intéresse pas. Ce maire-là cible avec un soin extrême les personnes auxquelles il consacrera un peu de son temps précieux. Ce maire-là fait preuve de largesses uniquement envers ceux qui le soutiennent aveuglément, entreprend de séduire ceux qui s'avèrent à même de servir ses intérêts et ignore superbement les autres. Ce maire-là est d'une arrogance qui efface d'un trait toutes les qualités qu'on pourrait lui trouver. Bref ! C'est un maire somme toute guère différent de ceux qui l'ont précédé. L'accent gardois en moins.

Du pain et des jeux. C'est ce qu'il vous a offert habitants de Beaucaire pour relativiser votre méfiance, écarter vos doutes, briser vos interrogations, éradiquer votre défiance ! Il vous endort à coups de chansons françaises, de nostalgie soigneusement dosée et de patriotisme distillé à grosses gouttes. Et le pire c'est que cela marche. Regardez-vous béer...

Comme l'a dit Julien Sanchez sur son compte Twitter après cette soirée : "Beaucaire bouge !" Je suis d'accord avec lui, Beaucaire a bougé. La ville a fait un pas vers l'abîme.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire