Un jeune homme de 17 ans est mort 🙏 Un de plus. Un de trop. Nahel n’était certes pas un ange, il était, selon la formule consacrée, connu des services de police. Mais personne, adulte ou mineur, ne mérite de mourir pour un refus d’obtempérer. Cela étant, sa mort a été celle de trop ! Elle a fait sauter le bouchon de la colère des banlieues et des quartiers populaires dont les populations sont abandonnées depuis 40 ans par l’État. Les violences qui ont suivi la marche blanche et perdurent chaque nuit sont certes regrettables, les exactions sont inacceptables, mais ne nous voilons pas la face : elles sont hélas une réponse à la mesure de l’immense colère d’une population dénigrée en permanence.
Les manquements déplorables de nos institutions, la dégradation d’un habitat social sans âme dans lequel les habitants sont parqués par troupeaux, en fonction de leurs origines, la disparition des services de proximité, les injustices, les discriminations, les persécutions de toutes sortes, s’accumulent depuis des années. Et rien ne change. Rien ne bouge. Les acteurs sociaux alertent à ce sujet depuis les années 80, en pure perte ! Les politiques mises en œuvre sont belles sur le papier, elles se sont succédées avec des noms ronflants et des promesses alléchantes, à chaque fois on y a cru… Mais la réalité est toute autre. Les budgets, les subventions, les moyens humains se sont réduits au fil des années à peau de chagrin ! Et quand l’État démissionne, qu’il ne joue plus son rôle émancipateur et protecteur, les enfants de la République deviennent des sous citoyens. Sans perspectives d’avenir, sachant d’expérience que la promesse républicaine ne sera pas tenue, sans cesse désignés coupables de tout et de rien, ils ne voient pas d’issue, ils sont à bout de colère. Alors ils se révoltent. Et cela fait des dégâts, des blessés, des morts…
Ces quartiers, cette population qui sont livrés à eux-mêmes, ont bien conscience qu’on ne parle d’eux que pour alimenter les propagandes électorales populistes, et que la majorité des responsables politiques n’ont rien à cirer de leur devenir. Pourquoi s’embêter à leur en construire un dès lors qu’on les considère comme perdus, sortis de la République ?! C’est un peu l’histoire du chien qui se mord la queue : pourquoi agir puisqu’il va se mordre tout seul ? Alors on ne propose plus de solutions, on n’œuvre plus dans le dialogue et la confiance, on juge, on tranche, on condamne. Dès l’enfance cette jeunesse que l’on craint est mise au ban de la société. Et nous serions civilisés alors que nous ne prenons pas soin des nôtres ?! Stop ! Il serait temps que les uns et les autres prennent leurs responsabilités et assument leurs devoirs envers celles et ceux qui les ont élus. Si rien n’est fait le pire est à craindre, l’extrême droite rôde en se frottant les mains ! Celles et ceux qui ne font rien, celles et ceux qui enfoncent le clou à grands renforts de déclarations indignées surjouées, sont les mêmes qui sacrifient cette jeunesse au nom d’une identité et d’une sécurité fantasmées. Cadeau de bienvenue de celles et ceux qui lui déroulent le tapis rouge, y compris lorsqu’ils et elles prétendent n’en faire. Et ça pue bien plus que les incendies de nos banlieues !
Face à quarante ans de foutage de gueule permanent, des révoltes à la révolution il n’y a qu’un pas… à République, nous-mêmes, le franchirons-nous ? C’est le moment d’y réfléchir sans filtres et en toute conscience. Pas de paix sans justice ✊ #justicepournahel